L'opposition syrienne a affirmé mercredi que le régime avait tué 1300 personnes dans une attaque chimique près de Damas mais la Russie, allié de Bachar al-Assad l'a accusée d'avoir monté une provocation.

> En images

Même si le régime a catégoriquement démenti avoir utilisé des armes chimiques et que l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a évoqué un bilan d'au moins 136 morts, l'attaque est l'une des plus violentes du conflit et a suscité une vague de condamnations internationales.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a entamé mercredi des consultations à huis clos, à la demande de cinq de ses membres (France, États-Unis, Royaume-Uni, Luxembourg et Corée du Sud).

De nombreux pays ainsi que la Ligue arabe ont demandé que les experts des Nations-unies, arrivés dimanche en Syrie pour enquêter sur l'usage éventuelle de telles armes dans le conflit, se rendent immédiatement sur les lieux.

Les États-Unis, qui avaient assuré il y a exactement un an que l'utilisation d'armes chimiques constituerait une «ligne rouge» pour le régime syrien, se sont dits «extrêmement inquiets» et ont réclamé pour l'ONU un «accès immédiat» aux témoins et aux victimes.

Des vidéos diffusées par des militants montrent des enfants inanimés étendus sur le sol à côté de corps d'hommes qui ne portent aucune trace de sang. Sur l'une d'elles, du personnel soignant tente de mettre aux enfants des masques à oxygène pour les aider à respirer, alors que des médecins essaient de ranimer d'autres qui semblent inconscients.

Une autre vidéo montre une fillette d'une dizaine d'années étendue sur une civière et répétant, les mains sur le visage et paniquée: «Je suis vivante, je suis vivante...»

Un des chefs de l'opposition, George Sabra, a avancé devant la presse à Istanbul le chiffre de 1300 morts dans plusieurs localités autour de Damas et a estimé que ce carnage rendait toute solution politique impossible.

Selon lui, «le régime syrien se moque de l'ONU et des grandes puissances quand il frappe près de Damas avec des armes chimique alors que la commission d'enquête internationale se trouve à quelque pas des victimes et des régions sinistrées».

M. Sabra a aussi accusé la communauté internationale de complicité: «L'indécision américaine nous tue. Le silence de nos amis nous tue (...). L'indifférence des Arabes et des musulmans, l'hypocrisie du monde que nous croyions libre, nous tuent».

Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui n'a pas confirmé l'usage d'armes chimiques, a fait état d'au moins 136 morts, tout en assurant ce bilan risquait d'augmenter compte tenu de la violence du bombardement qui a continué dans la journée.

L'opération s'est concentrée sur Mouadamiya al-Cham, au sud-ouest de la capitale, que l'armée cherche à reprendre, a précisé l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales.

Plusieurs experts interrogés par l'AFP se sont montrés prudents. Paula Vanninen, directrice de Verifin, l'Institut finnois pour la vérification de la convention des armes chimiques, a déclaré «n'être pas totalement convaincue» qu'il s'agisse d'une attaque au gaz innervant.

«Les personnes qui aident les victimes ne portent pas de vêtements de protection ni de masques et si c'était le cas, elles auraient été contaminées et victimes des mêmes symptômes», a-t-elle relevé sur les vidéos.

Pour Gwyn Winfield, directeur du magazine CBRNe Wold, spécialisée dans les armes chimiques, «il n'existe aucune information indiquant que les médecins ou des infirmières ont succombé, ce qui laisse à penser que ce n'est pas ce que nous considérons comme du gaz sarin militaire, mais pourrait être un gaz sarin dilué», a-t-il indiqué à l'AFP

Le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, a pour sa part affirmé qu'il s'agissait bien d'une attaque chimique et que ce n'était «pas la première fois».

Les autorités syriennes ont cependant dénoncé des accusations «nulles et non avenues et totalement infondées», selon un communiqué de l'armée lu par un officier à la télévision.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a estimé que «ces mensonges (...) visent à faire dévier la commission d'enquête de sa mission».

Le Russie a elle aussi accusé l'opposition d'avoir «planifié à l'avance une provocation».

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a cependant espéré que les alliés de M. Assad se «réveillent» et «réalisent sa nature criminelle et barbare», tandis que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon se disait «scandalisé» et la chancelière allemande Angela Merkel évoquait «un crime effroyable».

«Si le gouvernement syrien n'a rien à cacher (...), il facilitera l'accès immédiat et sans entraves de l'ONU au site» de l'attaque présumée, a insisté un porte-parole de la Maison-Blanche.

L'accord entre Damas et l'ONU limite la mission d'enquête à Khan al-Assal (près d'Alep), Ataybé, près de Damas, et à Homs (centre). Mais selon un porte-parole de l'ONU à New York, les inspecteurs étaient mercredi «en discussion» avec les autorités syriennes à propos d'autres accusations, dont celles de mercredi.

Un des chefs de l'opposition, George Sabra, a avancé devant la presse à Istanbul le chiffre de 1300 morts dans plusieurs localités autour de Damas et a estimé que ce carnage rendait toute solution politique impossible.

«Celui qui nous tue et tue nos enfants ce n'est pas seulement le régime. L'indécision américaine nous tue. Le silence de nos amis nous tue (...). L'indifférence des Arabes et des musulmans, l'hypocrisie du monde que nous croyions libre, nous tuent», a-t-il aussi lancé.

Selon lui, «le régime syrien se moque de l'ONU et des grandes puissances quand il frappe près de Damas avec des armes chimiques alors que la commission d'enquête internationale se trouve à quelques pas des victimes et des régions sinistrées».

Pour M. Sabra, «tous discours sur la conférence de Genève II et les propositions politiques sont vains avec la poursuite de ces massacres».

Des représentants de la Russie et des États-Unis doivent se retrouver la semaine prochaine à La Haye pour préparer la conférence de paix internationale sur la Syrie dite de Genève II, qui doit permettre une solution politique négociée entre Damas et la rébellion.

Le directeur de l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, n'a pas confirmé l'usage d'armes chimiques et a pour sa part fait état d'au moins 100 morts, tout en assurant ce bilan allait augmenter, «car les raids et les bombardements continuent et la puissance de feu est considérable».

L'opération, qui apparaît déjà comme l'une des plus meurtrières du conflit, se concentre sur la localité de Mouadamiya al-Cham, au sud-ouest de la capitale, que l'armée cherche à la reprendre, a précisé l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales.

Les autorités syriennes ont démenti avoir eu recours à des armes non conventionnelles : ces accusations «sont nulles et non avenues et totalement infondées», a affirmé un communiqué de l'armée lu par un officier à la télévision.

«Il s'agit d'une tentative désespérée des groupes terroristes de cacher leurs échecs sur le terrain», a ajouté le communiqué, tandis que le ministère des Affaires étrangères a estimé que «ces mensonges (... visaient) à faire dévier la commission d'enquête de sa mission».

L'accord entre Damas et l'ONU limite la mission des inspecteurs à Khan al-Assal (près d'Alep), Ataybé, près de Damas, et à Homs, dans le centre de la Syrie.

Le secrétaire général de la Ligue arabe a cependant appelé ces enquêteurs à inspecter «immédiatement» les lieux et a demandé que les auteurs de ce «crime» soient traduits «devant la justice pénale internationale».

L'Union européenne a réclamé une enquête «immédiate et approfondie», selon un porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton.

Il y a exactement un an, le président américain Barack Obama avait menacé Damas en affirmant qu'un recours à des armes chimiques, ou même leur simple déplacement, reviendrait à franchir une «ligne rouge».

Le chef de la Coalition nationale des forces de l'opposition Ahmed Jarba, ainsi que l'Arabie Saoudite et la Grande Bretagne ont appelé à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

Une journaliste de l'AFP qui s'est rendue dans l'hôtel à Damas où résident les inspecteurs a constaté qu'ils étaient sortis. Le porte-parole de l'ONU dans la capitale syrienne, Khaled al-Masri, a dit tout ignorer de leur travail et de leurs déplacements.