Le président des États-Unis Barack Obama a exprimé lundi son scepticisme sur toute action militaire américaine majeure en Syrie, comme la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne, doutant que cela puisse modifier le cours du conflit.

«Si vous instaurez une zone d'exclusion aérienne, il se peut que vous ne régliez pas le problème à l'intérieur de cette zone», a déclaré M. Obama dans un entretien diffusé lundi soir par la télévision publique américaine PBS.

Au cours de cette interview enregistrée dimanche à la Maison-Blanche avant son départ pour le sommet du G8 en Irlande du Nord, M. Obama répond au journaliste de PBS, Charlie Rose: «Il est difficile pour vous de comprendre la complexité de la situation et la manière dont nous ne devons pas nous précipiter dans une guerre de plus au Moyen-Orient».

M. Obama s'exprimait après que l'un de ses conseillers à la Maison-Blanche eut clairement accusé jeudi le régime syrien d'avoir utilisé du gaz sarin contre les rebelles et promis en conséquence un «soutien militaire» aux insurgés.

Mais l'exécutif américain n'a pas détaillé la forme que pourrait prendre cette aide «militaire», des analystes pronostiquant des livraisons d'armes légères qui seraient bien insuffisantes pour modifier l'équilibre des forces sur le terrain.

«J'ai dit que j'allais accroître le soutien tant à l'opposition politique que militaire. Je n'ai pas précisé exactement ce que nous faisons et je ne vais pas le faire dans cette émission», a prévenu M. Obama.

Marqué par l'Irak et l'Afghanistan et donc réticent depuis deux ans à engager les États-Unis dans une opération militaire en Syrie, le président Obama a longuement détaillé sur PBS les «options» et les «conséquences» d'une intervention telles qu'elles lui sont exposées par ses experts militaires dans la Situation Room de la Maison-Blanche.

«Si vous mettez en place un couloir humanitaire, êtes-vous en fait tenus d'empêcher uniquement les avions d'entrer dans ce couloir, ou également les missiles?», interroge M. Obama.

«Au quel cas, cela signifie-t-il que vous devez éliminer les armements à Damas et être donc prêts à bombarder Damas? Et que se passe-t-il en cas de victimes civiles?», s'est encore demandé le président américain.

Quant aux sites d'armes chimiques du régime du président Bachar al-Assad, «est-ce que nous les avons cartographiés pour être sûrs que nous lâchons pas une bombe sur un site d'armes chimiques qui finissent par tuer des civils, ce qui est exactement ce que nous essayons d'éviter», a encore dit M. Obama.

Malgré l'affaiblissement rapide de la rébellion syrienne face aux forces armées de Damas, M. Obama s'est encore montré dubitatif quant à un renversement de la situation sur le terrain grâce à «des armes anti-hélicoptères ou anti-chars» qui seraient livrées par Washington.

Le président américain est sous pression depuis des mois d'élus républicains, comme le sénateur John McCain, mais aussi de hauts responsables de son administration pour fournir une aide létale conséquente à la rébellion syrienne.

Washington s'en tient pour l'instant à une aide non létale de 250 millions de dollars.

La Maison-Blanche a annoncé lundi depuis le G8 300 millions de dollars de plus d'aide humanitaire, portant l'assistance humanitaire américaine totale à 810 millions de dollars.

Les États-Unis «ont des intérêts importants là-bas (en Syrie) et pas seulement humanitaires», a assuré M. Obama. «Nous ne pouvons pas avoir une situation chaotique dans un pays frontalier majeur comme la Jordanie, elle-même frontalière d'Israël», a rappelé le président.