Des Russes habitant en Syrie, essentiellement des femmes et des enfants, ont été rapatriés en avion mercredi à Moscou depuis Beyrouth, mais les autorités ont souligné qu'il ne s'agissait en aucun cas du début d'une évacuation massive.

Deux avions, un Yak-42 et un Il-76, affrétés par le ministère des Situations d'urgence, transportant 77 Russes habitant en Syrie, ont atterri tôt mercredi à l'aéroport Domodedovo de Moscou, en provenance du Liban.

Les personnes rapatriées avaient rejoint la capitale libanaise par la route.

Du fait que Moscou est l'un des derniers alliés de Damas, auquel il vend des armes, des observateurs scrutent tout indice sur une évacuation de grande ampleur, qui serait un signe que la Russie reconnaît que les jours du régime du président syrien Bachar al-Assad sont comptés.

Huit mille Russes sont enregistrés au consulat en Syrie, selon l'agence publique Ria Novosti, mais il y a jusqu'à 25 000 femmes russes mariées à des Syriens dans le pays.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné qu'il ne s'agissait en aucun cas du début d'une évacuation de grande envergure.

«Nous n'avons pas même commencé à évacuer», a-t-il insisté, lors d'une conférence de presse, indiquant que la Russie avait simplement mis à disposition de ses ressortissants qui le souhaitaient des places dans des avions qui avaient amené de l'aide humanitaire.

Les ressortissants «ont été informés que lorsque nous acheminons de l'aide humanitaire en Syrie, et nous le faisons régulièrement, il est possible, s'ils le souhaitent, de les ramener en Russie», a-t-il déclaré, rappelant également que des familles de diplomates étaient déjà parties «depuis longtemps».

Les Russes rapatriés mercredi ont été accueillis à Moscou par des équipes du ministère des Situations d'urgence ainsi que des psychologues.

La plupart sont des femmes russes mariées à des Syriens ou des Palestiniens vivant en Syrie, et leurs enfants, a précisé le ministère dans un communiqué.

«Il s'agit de personnes de différentes régions de Syrie, qui ont demandé de l'aide à l'ambassade russe à Damas après s'être retrouvées sans abri et sans moyen de subsistance en raison du conflit», a-t-il expliqué.

Selon le ministère russe des Affaires étrangères, cité par l'agence Interfax, 27 enfants ont été rapatriés.

«On ne peut plus vivre là-bas, on n'a plus d'argent, plus de travail», a déclaré à la télévision russe une des passagères.

«C'est très dangereux là-bas. Des roquettes, des avions, des chars», a déclaré un autre, Albert Omar, emmitouflé dans un manteau alors qu'il faisait moins 15 degrés Celsius environ à Moscou.

Des diplomates russes ont dit que Moscou pourrait envoyer d'autres avions à Beyrouth si nécessaire.

M. Lavrov a cependant également insisté sur le fait que l'ambassade russe à Damas fonctionnait normalement et qu'il n'était pas prévu de réduire son personnel.

«Il existe des plans (d'évacuation), comme pour n'importe quel pays (...), mais aucune opération en ce sens n'a lieu», a-t-il déclaré.

Si elle décidait l'évacuation de milliers de ses ressortissants, la Russie pourrait aussi utiliser des navires accostant au port de Tartous, à 220 kilomètres au nord-ouest de Damas, où elle entretient depuis l'époque soviétique une base de ravitaillement.

La révolte populaire contre le régime de Bachar al-Assad, déclenchée en mars 2011, s'est militarisée au fil des mois face à la répression. Les violences ont fait plus de 60 000 morts en 22 mois, selon l'ONU.

La Russie maintient que l'éviction du président syrien Bachar al-Assad du pouvoir est «impossible à mettre en oeuvre».

M. Lavrov a dénoncé mercredi «l'obsession» de l'opposition syrienne à renverser le régime, estimant que cela empêchait le règlement politique du conflit.