Le régime syrien a tiré des missiles Scud contre les rebelles qui tentent de chasser du pouvoir Bachar al-Assad, a déclaré un responsable américain mercredi.

«Des Scud sont tombés en Syrie», a déclaré à l'AFP ce responsable sous couvert d'anonymat.

La diplomatie américaine avait auparavant affirmé que le régime syrien utilisait des «missiles» et des bombes incendiaires contre la rébellion, sans être plus précise sur les armements employés.

«Je ne suis pas en mesure de confirmer quels type de missiles, mais (je) dis simplement que nous voyons actuellement que des missiles sont employés», avait déclaré la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland, interrogée sur un article du New York Times (NYT) dans lequel des responsables américains anonymes accusent le régime de Damas d'avoir tiré des missiles Scud sur les forces de l'opposition syrienne.

«Au moment où le régime est de plus en plus désespéré, nous le voyons avoir recours à des armes de plus en plus vicieuses. Et nous avons vu ces derniers jours que des missiles ont été déployés», avait insisté Mme Nuland, citant également «l'usage d'une autre arme monstrueuse, une sorte de bombe baril qui est une bombe incendiaire».

De son côté, le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney n'avait pas non plus souhaité confirmer explicitement l'emploi de missiles Scud par Damas: «L'idée même que le régime syrien puisse lancer des missiles sur son propre peuple, à l'intérieur de ses frontières, est une escalade militaire stupéfiante, désespérée et totalement disproportionnée».

Depuis trois jours, un journaliste de l'AFP présent dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, a pu entendre de très violentes explosions en provenance de la région de la base de cheikh Souleimane, garnison de l'armée capturée en début de semaine par des rebelles islamistes.

Ces explosions sont audibles à plus d'une quinzaine de kilomètres, à raison de trois ou quatre par jour, et n'ont rien à voir avec des tirs d'artillerie classique, selon ce journaliste.

Il a été témoin lundi dans la localité de Darret Ezza de l'une de ces explosions, qui a littéralement fait trembler toute la ville. Selon un commandant de l'Armée syrienne libre (ASL) sur place, Abu Jalal, il s'agissait d'un missile sol-sol qui s'était abattu sur la base de cheikh Souleimane, à trois kilomètres de là.

Ce militaire n'a pas été en mesure de préciser la nature exacte de l'engin, estimant qu'il s'agissait d'un missile d'une taille juste inférieure au Scud, d'une portée de plusieurs dizaines de kilomètres et transportant une charge de 300 à 500 kilos de TNT.

«Nous ignorons le ou les points d'origine de ces tirs», mais avec la prise de cheikh Souleimane, l'armée du régime n'est plus présente dans toute cette région de l'ouest d'Alep allant jusqu'à la frontière turque, a expliqué Abu Jalal, ce qui signifie qu'elle a nécessairement recours à des engins d'au moins une trentaine de km de portée au minimum.

Un autre chef rebelle de l'ASL à l'ouest d'Alep, Cheikh Azam Ajamar, avait fait état dimanche à l'AFP de tirs sur la zone de missiles de type Luna.

Ce missile de fabrication soviétique (connu sous la désignation de FROG-7A), et d'une taille de 8 mètres presque équivalente au Scud, a une portée d'environ 70 km.