Le nouvel émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi a rencontré vendredi à Damas des membres de l'opposition tolérée par le régime, à la veille d'un entretien avec le président Bachar al-Assad inflexible après 18 mois d'un conflit sanglant.

M. Brahimi rencontrera samedi matin à Damas le président syrien, a confirmé vendredi une porte-parole de l'ONU.

Alors que les violences ont fait 125 morts jeudi et 45 vendredi selon un bilan provisoire, Benoît XVI, en visite au Liban, a appelé à mettre fin aux livraisons d'armes en Syrie.

Comme tous les vendredis, des manifestations hostiles au régime du président Bachar al-Assad ont eu lieu à travers la Syrie, où de violents combats avaient lieu par ailleurs à Damas et Alep, deuxième ville du pays.

Le nouveau médiateur international Lakhdar Brahimi, qui a débuté jeudi sa première visite en Syrie, va «améliorer» le plan de paix de son prédécesseur Kofi Annan pour le rendre plus opérationnel, ont indiqué à Damas des membres de l'opposition tolérée par le régime.

«Le plan Annan sera amélioré. Il y aura des idées et des mesures nouvelles, car la crise en Syrie ne trouvera de solution que par un compromis arabe, régional et international», a affirmé Hassan Abdel Azim, porte-parole du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes et marxistes.

«Nous avons dit à M. Brahimi, mandaté par la Ligue arabe et l'ONU, notre soutien à ses efforts pour régler la crise, en faisant cesser la violence et les tueries, en assurant les soins médicaux (aux blessés) et en libérant les détenus politiques, et ce en prévision d'une étape transitoire» conformément à l'accord de Genève conclu fin juin.

Cet accord fixe des principes pour la transition en Syrie, mais sans appeler au départ du président Assad.

Lors d'un entretien jeudi avec M. Brahimi, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem l'a assuré de «la pleine coopération de la Syrie pour faire aboutir sa mission», selon les médias officiels. Il a jugé que «le succès de la mission de M. Brahimi dépend du sérieux de certains pays qui lui ont conféré son mandat, et de leur volonté d'empêcher d'autres pays qui abritent et arment les terroristes de le faire», faisant allusion aux rebelles.

Pilonnage à Midane

À Alep (nord), où les combats se poursuivent depuis huit semaines, les rebelles continuaient d'opposer une forte résistance à l'armée, malgré les bombardements de leurs bastions.

L'armée de l'air a pilonné à l'aube deux postes de police dont les rebelles avaient pris le contrôle jeudi dans le quartier de Midane (centre), ont rapporté à l'AFP des habitants et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ce quartier est considéré comme stratégique, car il ouvre l'accès à la principale place de la deuxième ville syrienne.

Un habitant joint par l'AFP y a fait état de combats ainsi que dans le quartier voisin d'Arqoub: «Je crois qu'il va y avoir une grosse opération militaire».

Le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a lui aussi souligné que «les troupes du régime étaient fortement déployées à Midane et se préparaient pour en déloger les rebelles».

Dans la province d'Alep, les insurgés ont attaqué une nouvelle fois l'aéroport Menagh, principale base aérienne de la région, selon l'OSDH.

À Damas, l'ONG a fait état de «violents combats», notamment à Hajar el-Aswad et Qadam (sud). L'armée a lancé un assaut sur le quartier de Sayeda Zeinab, haut lieu du chiisme proche de la capitale, secoué par des combats ces derniers jours.

Trois puissantes déflagrations ont également été entendues en matinée, selon des habitants, qui ont précisé que des hélicoptères survolaient la capitale.

«Fin inévitable» du régime Assad

Face aux violences qui ne connaissent pas de répit en Syrie, le pape Benoît XVI a estimé que «l'importation d'armes doit cesser une fois pour toutes. Car sans importation d'armes la guerre ne pourrait continuer».

«Au lieu d'importer des armes, qui est un pêché grave, il conviendrait d'importer des idées de paix, de créativité, d'amour du prochain», a-t-il affirmé, alors que les rebelles ont réclamé à plusieurs reprises des armes à la communauté internationale.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé de son côté que le régime syrien s'approchait de sa «fin inévitable». «Nous devons dire non à ce drame, ne pas permettre aux flammes de s'emparer de la région entière».

Il a affirmé que «l'unique objectif (de la communauté internationale) est de faire en sorte que la Syrie devienne démocratique, dans le respect de son intégrité territoriale».

D'autre part, la porte-parole de l'Unicef, Marixie Mercado, a indiqué que plus de deux mille écoles ont été détruites ou endommagées au cours du conflit armé en Syrie et des centaines d'autres sont utilisées comme abris, alors qu'une nouvelle année scolaire commence dimanche dans ce pays.

Depuis mars 2011, le conflit a fait plus de 27 000 morts, en majorité des civils, selon l'OSDH.