La Syrie est prête à discuter d'une démission du président Bachar al-Assad dans le cadre d'un processus de négociations avec l'opposition, a déclaré mardi à Moscou le vice-premier ministre syrien Qadri Jamil.

«Pendant le processus de négociations, on peut étudier toutes les questions et nous sommes prêts à étudier même cette question», a déclaré Qadri Jamil lors d'une conférence de presse, à l'issue d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Il a toutefois estimé que l'idée «d'une démission comme condition pour mener un dialogue - cela signifie de facto qu'il est impossible d'ouvrir ce dialogue», dans des propos traduits en russe.

Les États-Unis, les pays européens et le monde arabe ont appelé à plusieurs reprises le président syrien à démissionner. Washington a réitéré cet appel lundi.

Un peu plus tôt dans la journée, M. Lavrov a déclaré que les efforts de Damas pour mettre un terme aux violences qui font rage dans le pays depuis près de 17 mois étaient encore insuffisants, tout en soulignant qu'il n'y avait pas d'autre solution que de continuer sur cette voie.

Moscou reste le plus fort soutien du régime syrien et a mis son veto à trois reprises avec Pékin à des résolutions du Conseil de sécurité menaçant Damas de sanctions.

Alors que Washington a évoqué lundi une possible intervention militaire en Syrie en cas de déplacement ou d'utilisation d'armes chimiques dans le pays, M. Lavrov a insisté sur le fait que les puissances étrangères devaient se contenter de créer les conditions d'un dialogue entre les différentes parties syriennes.

«La réconciliation nationale est le seul moyen d'arrêter au plus vite l'effusion de sang et de mettre en place les conditions pour que les Syriens eux-mêmes s'asseyent à la table des négociations, et définissent le destin de leur pays sans aucune ingérence extérieure», a-t-il déclaré.

«La seule chose que doivent faire les acteurs étrangers est de créer les conditions pour l'ouverture du dialogue», a-t-il ajouté, selon des images de la télévision russe.

Lundi, le président américain Barack Obama a prévenu que le déplacement ou l'utilisation d'armes chimiques en Syrie constituerait une «ligne rouge» pour les États-Unis et aurait des «conséquences énormes», dans une claire mise en garde au régime du président syrien Bachar al-Assad.

Lors de sa conférence de presse, M. Jamil a rejeté cet avertissement, le qualifiant de simple «propagande électorale» à l'approche de la présidentielle aux États-Unis.

Depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad en mars 2011, la répression et les combats ont fait plus de 23 000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Conseil national de transition



Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition au régime de Bachar al-Assad, «étudie» la formation d'un «gouvernement de transition», a annoncé mardi son président Abdel Basset Sayda à l'issue d'un entretien avec François Hollande à Paris.

«Nous étudions actuellement la formation d'un gouvernement de transition», a déclaré M. Sayda qui conduisait une délégation du CNS reçue pendant près de trois quarts d'heure par le chef de l'État français à l'Élysée, en présence du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Selon M. Sayda, ce gouvernement provisoire serait ouvert à toutes les composantes de la société syrienne, y compris à la communauté alaouite dont est issu le président syrien Bachar al-Assad.

Interrogé sur l'imminence de sa formation, il a averti: «C'est un processus qui demande beaucoup de consultations, il ne faut pas aller trop vite, mais le Conseil national syrien tente d'y parvenir le plus rapidement possible».

Comme on lui demandait s'il pourrait s'agir d'un gouvernement en exil, M. Sayda a souligné que, pour le CNS, «l'essentiel» était la formation d'un gouvernement de «l'intérieur».

Le président du CNS a salué la nomination de l'Algérien Lakhdar Brahimi, nouveau médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, «diplomate de grande expérience», mais a estimé que sa «mission sera toujours entravée par le veto russe» au Conseil de sécurité.

Au président français, le CNS a de nouveau proposé la création d'une zone d'exclusion aérienne, a-t-il par ailleurs indiqué.

«On ne va pas négocier la sortie» de Bachar al-Assad, «il doit sortir point à la ligne», a déclaré pour sa part Burhan Ghalioun, figure de l'opposition syrienne et membre du conseil exécutif du CNS. «Nous voulons que cette bande qui gouverne aujourd'hui la Syrie se désintègre et quitte le pouvoir», a-t-il insisté, estimant qu'il fallait «donner au peuple syrien le droit à l'autodétermination».

«On est prêts à négocier la sortie de tous ces gens, mais pas des arrangements», a-t-il cependant tempéré.