Les démentis du régime de Bashar al-Assad n'ont pas impressionné la communauté internationale: les Nations unies et plusieurs de ses membres ont blâmé le gouvernement syrien, hier, pour le massacre qui a fait une centaine de morts dans le village de Houla, dont le tiers étaient des enfants.

Dans une déclaration adoptée à l'unanimité, le conseil de sécurité de l'ONU a déclaré le gouvernement syrien responsable de la «série de bombardements par des tanks et l'artillerie gouvernementale contre un quartier résidentiel».

Le Conseil «exige» aussi que le gouvernement syrien «cesse immédiatement d'utiliser des armes lourdes» dans les villes syriennes rebelles et «retire immédiatement ses troupes et ses armes lourdes» des villes pour les cantonner dans leurs casernes, conformément au plan de paix du médiateur Kofi Annan.

La résolution a été adoptée par les 15 membres du conseil, y compris la Russie, alliée fidèle du régime al-Assad.

Pression sur la Russie

Le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, William Hague, n'a guère hésité lui non plus à accuser le gouvernement syrien, hier. Il s'est envolé pour Moscou afin de tenter de convaincre la Russie d'utiliser son influence auprès de son allié syrien pour qu'il mette fin aux massacres.

À Washington, la Maison-Blanche a fustigé des actes «innommables, d'une brutalité inhumaine». À Paris, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a condamné «les atrocités infligées quotidiennement à son propre peuple par Bachar al-Assad et son régime», soulignant que «la communauté internationale doit se mobiliser encore davantage pour arrêter le martyre du peuple syrien».

M. Fabius, selon un communiqué du quai d'Orsay, s'est entretenu hier avec Kofi Annan pour faire le point sur la situation. Les deux hommes sont convenus de «rester en contact étroit, notamment dans la perspective de la tenue prochaine à Paris de la réunion du Groupe des pays amis du peuple syrien».

À Ottawa, samedi, le gouvernement Harper ne laissait déjà aucun doute quant à ses soupçons sur les origines de la tuerie. «Le nombre d'enfants présumés morts est un reflet fidèle du mépris total du régime pour l'humanité et la décence», a dénoncé le ministre des Affaires étrangères, John Baird, dans une déclaration. Selon le critique du Nouveau Parti démocratique en matière d'Affaires étrangères, Paul Dewar, le gouvernement canadien doit emboîter le pas à la stratégie britannique. Il souhaite que le ministre Baird s'envole à son tour pour Moscou afin de tenter de convaincre la Russie d'intervenir.

«Il y a une occasion pour la Russie de faire la différence, a souligné M. Dewar. Ils n'ont pas été très impliqués jusqu'ici, plusieurs l'ont critiqué pour cela, mais s'ils le choisissent, ils peuvent définitivement jouer un rôle maintenant.» M. Dewar affirme «qu'une ligne a été franchie» avec la tuerie de Houla. Il croit que cette tragédie risque d'augmenter la pression internationale sur le régime al-Assad et ses alliés.

Dans un communiqué, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit «écoeuré» par les massacres en Syrie. Il a accusé l'Iran et son allié le mouvement chiite libanais Hezbollah d'en être les complices.

Annan débarque

Ces développements sont survenus quelques heures avant l'arrivée de l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan, qui débarquera à Damas ce matin.

Quelque 250 observateurs de l'ONU ont été déployés en Syrie pour vérifier la trêve censée être entrée en vigueur le 12 avril dans le cadre du plan de sortie de crise proposé par M. Annan. Mais ce cessez-le-feu est violé chaque jour, malgré leur présence.