Un convoi d'observateurs de l'ONU a été visé mardi, selon l'opposition syrienne, par une attaque du régime dans le nord de la Syrie où les forces gouvernementales ont perpétré un «massacre» lors de funérailles, selon une ONG.

Alors que la révolte contre le régime de Bachar al-Assad entre dans son 15e mois, la répression ne montre aucun signe de répit et les combats entre forces régulières et déserteurs se multiplient.

Les États-Unis se sont dits «profondément inquiets de l'escalade de la violence».

«Le régime syrien a commis un massacre mardi durant une visite des observateurs de l'ONU à Khan Cheikhoun», dans la province d'Idlib (nord-ouest), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Selon cette ONG, qui a demandé l'ouverture «urgente» d'une enquête, 20 personnes ont été abattues par les forces du régime alors qu'elles participaient aux funérailles d'un homme tué la veille.

D'après des militants, un convoi d'observateurs formé de quatre véhicules a également été la cible d'une attaque dans cette même ville et une des voitures a été visée par un obus, ce qui les a contraints à quitter rapidement la ville.

Des vidéos postées par des militants sur l'internet ont montré qu'une explosion s'était produite devant un des véhicules dont le capot a été endommagé.

Un porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL), le commandant Sami al-Kurdi, a indiqué à l'AFP que les observateurs s'étaient rendus aux funérailles, ce qui avait encouragé les habitants à s'y joindre en nombre.

«En dépit de cela, le régime a osé attaquer les funérailles et a tiré sur les véhicules des observateurs à partir d'un barrage de contrôle», a dit cet officier.

À New York, le porte-parole de l'ONU a confirmé que le convoi avait été visé par une attaque, parlant lui d'une bombe artisanale. L'explosion a endommagé trois véhicules de la mission des Nations unies, mais aucun membre du personnel de l'ONU n'a été blessé, a précisé Martin Nesirky.

L'ONU s'efforce pour le moment «d'établir les circonstances» de cette attaque, que l'ONU ne peut que «condamner», a encore déclaré le porte-parole.

La mission d'observation de l'ONU a été déployée pour superviser l'application du plan de l'émissaire international Kofi Annan qui préconise un cessez-le-feu, entré officiellement en vigueur le 12 avril, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et un dialogue politique, mais qui est resté lettre morte malgré son acceptation par les protagonistes.

Malgré la présence de plus de 200 observateurs sur le terrain, les violences ne faiblissent pas: outre les 20 personnes tuées dans les funérailles, 23 autres -22 civils et un déserteur- ont péri mardi à travers le pays, selon l'OSDH.

Sur le plan humanitaire, une équipe de Médecins sans frontières (MSF) de retour d'une mission clandestine en Syrie a accusé le régime de mettre en place un «blocus thérapeutique pervers», en arrêtant les médecins et en s'attaquant aux pharmacies.

«D'après les docteurs syriens, il est au moins aussi dangereux d'être pris en train de soigner des blessés qu'avec des armes à la main», a dit un chirurgien de MSF. «Pour moi, qu'une armée régulière pille des pharmacies, les détruise, c'est complètement inédit. C'est un pas en avant dans la barbarie».

En 14 mois, plus de 12 000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité des civils abattus par les troupes gouvernementales, et quelque 25 000 sont toujours détenues, selon l'OSDH. Des dizaines de milliers de Syriens se sont en outre réfugiés dans les pays voisins.

Face à la crise, la communauté internationale reste impuissante, principalement en raison de ses divisions, Moscou et Pékin appuyant toujours leur allié syrien.

Le ministre français sortant des Affaires étrangères Alain Juppé a d'ailleurs jugé «probable» l'échec de la mission de M. Annan.

Sur le plan politique, le régime, qui cherchait à se donner une certaine crédibilité en organisant des législatives le 7 mai, a annoncé un taux de participation de 51,26 %, mais sans préciser les résultats par partis. La communauté internationale a raillé ce scrutin, de même que l'opposition qui l'a boycotté.

Dans le camp opposé, la principale coalition de l'opposition, le Conseil national syrien (CNS), a élu Burhan Ghalioun à sa tête pour un nouveau mandat de trois mois lors d'une réunion à Rome.

Enfin, au Liban voisin, où des heurts confessionnels sur fond de rivalités entre pro et anti-régime syrien ont fait neuf morts ces quatre derniers jours, le calme est revenu à Tripoli, la principale ville du Nord.