L'Union européenne a décidé vendredi de resserrer encore l'étau autour du président syrien Bachar al-Assad en imposant des sanctions à sa femme, Asma, et à trois autres membres de sa famille dont sa mère.

Outre ces quatres personnes, l'UE doit ajouter huit autres noms à la liste de près de 150 personnes et organisations, dont les principaux membres du régime syrien, faisant l'objet d'interdictions de visa en Europe et de gels d'avoirs.

L'UE a prévu également de sanctionner deux sociétés liées au régime à l'occasion d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles.

«Il est important de resserrer l'étau diplomatique et économique» sur le régime syrien, a déclaré le chef de la diplomatie britannique, William Hague.

Les autorités syriennes continuent d'avoir «un comportement meurtrier et totalement inacceptable», a-t-il dénoncé.

Son homologue allemand, Guido Westerwelle a affirmé pour sa part que «le clan» du président syrien devait sentir la pression qui pèse sur le régime.

Le président Bachar al-Assad est déjà visé lui même depuis mai 2011 par des sanctions de l'UE mais son épouse, sa mère, sa soeur et sa belle-soeur avaient été épargnées jusqu'à présent.

Il s'agit d'envoyer «un signal très puissant à tous les membres du régime pour dire que le meurtre, la violence, doivent cesser», a insisté le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt.

«C'est la seule façon d'empêcher le pays de sombrer dans une guerre civile confessionnelle qui aurait des conséquences dévastatrices», a-t-il ajouté.

Le nom des personnes et entités visées par les sanctions doit être publié samedi au Journal officiel de l'UE. Elles prendront alors effet.

Avec ses chaussures et ses robes griffées, Asma al-Assad, l'épouse du président syrien, fille d'un éminent cardiologue de Londres, Fawaz al-Akhras, et d'une diplomate à la retraite, Sahar Otri, a longtemps été perçue comme le «visage glamour» de la dictature.

Le magazine américain Vogue l'avait qualifiée de «Rose du désert» avant de retirer son interview de son site internet après la révolte.

En Syrie, Asma al-Assad représentait pour beaucoup une promesse de modernisme dans un pays longtemps isolé. Ayant travaillé dans des banques internationales à Londres, elle était créditée d'un rôle considérable auprès de son mari pour la libéralisation de l'économie dirigiste du pays.

Mais la jeune femme de 36 ans est désormais critiquée pour son silence face à la répression, au point d'être qualifiée de «Marie-Antoinette».

L'interdiction de voyager en Europe pourrait cependant s'avérer juridiquement délicate car Mme Assad, née à Londres en 1975, possède également la nationalité britannique.

«Les citoyens britanniques frappés d'interdiction de voyage dans l'UE ne peuvent se voir refuser l'entrée au Royaume-Uni», a fait remarquer un porte-parole de l'Agence britannique pour la gestion des frontières (UKBA), interrogé par l'AFP.

Au total, près de 150 personnes et organisations, dont les principaux membres du régime syrien, font déjà l'objet d'interdictions de visa en Europe et de gels d'avoirs.

L'UE a déjà pris douze trains de sanctions contre Damas, qui visent la banque centrale, le commerce de métaux précieux ou les vols fret.

Le régime Assad réprime dans le sang depuis plus d'un an une révolte populaire et les violences ont fait plus de 9100 morts dans le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).