Le régime du président syrien Bachar al-Assad restait mercredi inébranlable dans sa volonté de tenter de faire taire la contestation par la violence, en dépit des sanctions qui pleuvaient de toutes parts contre lui.

Ainsi, les violences ont fait au moins 14 nouvelles victimes civiles mercredi, alors que sept membres des forces de sécurité sont morts dans des affrontements avec des déserteurs.

Face à une répression qui ne faiblit pas, les ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de coopération islamique (OCI) ont appelé le régime du président Bachar al-Assad à «répondre aux décisions de la Ligue arabe», qui a adopté dimanche des sanctions sans précédent pour tenter de pousser Damas à renoncer à la violence.

Cet appel a été lancé à l'issue d'une réunion extraordinaire au siège de l'OCI à Jeddah (Arabie saoudite) en présence du ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem.

Le chef de l'OCI, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu, a proclamé son rejet d'une internationalisation de la crise, rappelant son «opposition à une intervention militaire» en Syrie, mais aussi que l'option policière avait «prouvé son échec à contenir la crise».

De son côté, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU doit tenir vendredi une session spéciale sur la Syrie.

Lundi, la commission internationale d'enquête mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a publié un rapport accablant, concluant que les autorités syriennes avaient commis des crimes contre l'humanité dans leur répression des manifestations d'opposants au régime depuis mars.

Face à cette répression qui a fait plus de 3500 morts, selon un bilan de l'ONU établi début novembre, la Turquie a annoncé mercredi sa décision d'imposer des sanctions économiques contre le régime de Damas, ancien allié d'Ankara.

Ces sanctions comprennent un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien ainsi qu'un gel similaire entre les banques centrales turque et syrienne. Ankara veut aussi suspendre sa coopération stratégique avec Damas, bloquer toute livraison d'armes à la Syrie et interrompre les crédits turcs destinés à ce pays.

Les États-Unis ont salué cette décision, jugeant qu'elle allait «isoler le régime d'Assad».

Ces sanctions prises par un des principaux partenaires économiques de la Syrie vont «sans aucun doute accroître la pression sur le régime syrien», a ajouté le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Tommy Vietor, appelant «tous les gouvernements» à se joindre aux pressions sur le régime syrien.

À l'ONU, un projet de résolution préparé par l'UE prévoit de condamner «les graves violations systématiques des droits de l'homme» commises par Damas, et demande que le rapport de la commission d'enquête soit soumis à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité.

Sur le terrain, 14 civils ont été tués mercredi par les forces de l'ordre: neuf, dont un enfant de 12 ans, dans la région d'Idleb (nord-ouest) et cinq à Homs (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni.

Et de «violents affrontements entre forces de sécurité et déserteurs» à Daël, près de Deraa (sud) où est né le mouvement de contestation mi-mars, ont fait sept morts parmi les forces de sécurité, selon la même source.

Toujours à Daël, où l'électricité et les liaisons téléphoniques étaient coupées selon un militant qui a pu quitter la ville, les forces de l'ordre ont arrêté 164 personnes et procédé à des perquisitions au cours desquelles 19 personnes ont été blessées.

Parallèlement, la télévision publique a annoncé la libération de «912 détenus impliqués dans les événements en Syrie et qui n'ont pas de sang sur les mains».

Depuis début novembre, les autorités avaient déjà annoncé avoir libéré 1733 détenus. Selon l'OSDH, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont passées par les prisons syriennes depuis le début du mouvement de contestation.

Le gouvernement syrien s'est réuni mardi soir pour «discuter» des sanctions et élaborer des mécanismes susceptibles d'en réduire l'impact, ont annoncé les médias officiels à Damas.

Dimanche, la Ligue arabe avait adopté des sanctions sévères contre la Syrie, prévoyant en particulier un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et des comptes bancaires de ce dernier dans les pays arabes, ainsi que la suspension des liaisons aériennes entre les pays arabes et la Syrie, une mesure dont la date d'entrée en vigueur n'a pas encore été fixée.

Lundi, l'UE a elle aussi décidé d'imposer un 10e train de sanctions au régime syrien, pour couper ses sources de financement dans les secteurs des finances et du pétrole, selon une source diplomatique.

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