Un tribunal égyptien doit livrer samedi son verdict dans le procès de l'ancien président Hosni Moubarak, accusé de complicité de meurtres pour son rôle durant la révolte de 2011 qui a mis fin à son pouvoir de trente ans.

L'ex-raïs de 86 ans, à qui il est reproché d'avoir ordonné à la police de réprimer le soulèvement populaire, ayant fait 846 morts, est jugé avec son ancien ministre de l'Intérieur Habib al-Adly et six anciens hauts responsables des services de sécurité.

Le verdict devait être rendu le 27 septembre mais le juge l'avait ajourné, expliquant qu'il n'avait pas eu assez de temps pour finir la rédaction des 2.000 pages d'attendus.

La même cour doit également se prononcer dans le cadre d'un autre dossier, une affaire de corruption concernant le président déchu et ses deux fils, Alaa et Gamal.

Lors d'un premier procès, M. Moubarak avait été condamné en juin 2012 à la prison à perpétuité mais la sentence avait été annulée pour des raisons techniques et l'affaire rejugée.

La presse égyptienne estime que l'ex-chef de l'État pourrait être acquitté car le climat dans lequel le tribunal doit se prononcer est bien différent de celui de 2012.

Même acquitté, l'ancien président ne serait toutefois pas libéré puisqu'il purge actuellement une peine de trois ans de prison pour une autre affaire de corruption, selon un responsable judiciaire.

Durant le nouveau procès ouvert en mai 2013, la plupart des témoins --des hauts responsables de la police et de l'armée en poste sous Moubarak-- ont livré des témoignages jugés favorables à l'accusé.

En outre, les procès de M. Moubarak, très médiatisés au départ, sont aujourd'hui éclipsés par ceux de son successeur, l'islamiste Mohamed Morsi, renversé en juillet 2013 par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi.

«J'ai la conscience tranquille»

M. Morsi et la quasi-totalité des dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans sont actuellement derrière les barreaux et encourent la peine de mort.

Ils sont rétroactivement accusés par les médias et une grande partie de l'opinion publique d'être derrière les violences politiques qui ont secoué le pays depuis 2011.

La police a, elle, été en partie réhabilitée dans l'opinion publique et les médias, qui saluent maintenant la répression des pro-Morsi par les forces de sécurité.

Après le coup de force de l'armée contre M. Morsi, plus de 1.400 manifestants islamistes ont été tués par la police et l'armée, essentiellement au Caire, et plus de 15 000 Frères musulmans ou sympathisants ont été emprisonnés.

Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l'ONU de «sans précédent dans l'histoire récente».

Le nouveau pouvoir s'en est également pris à l'opposition laïque et de gauche, emprisonnant des dizaines de jeunes militants pour avoir enfreint une loi controversée limitant le droit de manifester.

M. Moubarak a assisté aux audiences de son procès installé sur une civière, lunettes de soleil sur le nez, assurant en août n'avoir jamais «ordonné le meurtre de manifestants».

«Alors que ma vie approche de son terme, grâce à Dieu j'ai la conscience tranquille et je suis content d'avoir passé (ma vie) à défendre l'Égypte», avait-il affirmé.

L'ex-ministre de l'Intérieur de M. Moubarak avait accusé les Frères musulmans et des activistes palestiniens d'être derrière la mort des manifestants en 2011. Selon lui, ils auraient agi pour discréditer la police égyptienne.