La condamnation d'un blogueur à trois ans de prison pour avoir critiqué l'armée est «un sérieux revers pour la liberté d'expression», a jugé mardi Human Rights Watch (HRW), en estimant que l'armée égyptienne instaurait ainsi «des lignes rouges très restrictives».

Maikel Nabil a été condamné dimanche par la justice militaire pour avoir «insulté» l'armée sur son blog. Le Conseil suprême des forces armées gère le pays depuis que l'ex-président Hosni Moubarak lui a remis le pouvoir en démissionnant le 11 février.

«Le verdict n'est pas seulement sévère, il a été imposé par un tribunal militaire après un procès inéquitable», a affirmé Joe Stork, le directeur adjoint de l'ONG pour le Moyen-Orient.

La sentence «intervient au moment où l'armée égyptienne dessine des lignes rouges très restrictives autour de ce qu'il est permis de dire», a ajouté HRW en appelant l'armée à abandonner les charges contre le jeune homme et à le relâcher.

Depuis qu'elle gère le pays, «l'armée a arrêté au moins 200 manifestants et a jugé des dizaines d'entre eux devant des tribunaux militaires», selon l'ONG. «Les institutions de l'État, y compris l'armée, ne devraient jamais considérer qu'elles ne peuvent être critiquées».

Reporters sans frontières (RSF) s'est dite lundi «profondément choquée» par cette condamnation qui fait selon elle du blogueur «le premier prisonnier d'opinion en Égypte depuis la révolution».

Des parlementaires américains ont également appelé l'armée à libérer le blogueur.

«Si l'on doit avoir de plus en plus confiance en l'Égypte, alors le gouvernement ne devrait pas prendre de décisions qui attirent l'attention internationale», ont écrit le sénateur Mark Kirk et le représentant Frank Wolf, deux élus républicains.