Un soldat et un civil ont été tués lundi dans le sud et l'est du Yémen lors de manifestations hostiles à la présidentielle de mardi malgré une forte mobilisation des forces de sécurité pour assurer le bon déroulement d'un scrutin.

Près de Daleh, fief du Mouvement sudiste qui a appelé au boycottage du scrutin, des manifestants ont tenté de forcer un barrage de l'armée.

Les militaires sont intervenus pour disperser des centaines de manifestants criant des slogans hostiles à la présidentielle, blessant sept d'entre eux, a indiqué à l'AFP un militant sudiste qui a requis l'anonymat.

Des manifestants armés ont alors tiré en direction des soldats, tuant l'un d'eux et en blessant un autre, a indiqué une source militaire.

À Seyoun, dans l'Est, un manifestant a été tué par les tirs de soldats gardant un centre électoral lors d'une marche organisée à l'appel du Mouvement sudiste, a indiqué une source de sécurité.

À Moukalla, dans la même région, cinq manifestants ont été blessés par balle dans les mêmes circonstances, selon des militants sudistes.

L'élection doit porter le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi à la tête de l'État en vertu d'un accord de transition, qui marque le départ du président contesté Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans.

M. Saleh, qui suit un traitement médical aux États-Unis, a invité les Yéménites à aller voter pour «permettre une transition pacifique à la tête de l'État», a rapporté l'agence officielle Saba.

L'aile dure du Mouvement sudiste de l'ancien vice-président Ali Salem al-Baid, qui vit en exil, a appelé à perturber le scrutin et à «la désobéissance civile» mardi dans le Sud, un État indépendant jusqu'en 1990.

Aden, principale ville du Sud, a connu en matinée un accrochage entre forces de l'ordre et hommes armés, et la police y a procédé à des arrestations parmi les militants sudistes armés qui «cherchent à empêcher, par la force, les électeurs d'aller voter», selon un responsable des services de sécurité.

Des affiches invitant au boycottage du scrutin ont fait leur apparition à Aden: «Non aux élections», «En votant, vous conférez une légitimité à l'occupation du Sud», «Par votre participation au scrutin, vous approuvez l'effusion du sang des sudistes», préviennent les auteurs des affiches.

«Celui qui coupera les routes sera arrêté et traduit en justice», a averti le chef de la police d'Aden, Ghazi Ahmed Ali. «Nous respectons ceux qui boycottent le scrutin, mais nous ne pouvons nous taire à l'égard de ceux qui tentent d'entraver le processus électoral», a-t-il déclaré à l'AFP.

Dans les provinces voisines de Daleh et de Chabwa où les groupes sudistes sont actifs, les organisateurs du scrutin n'ont pas réussi à convoyer les urnes dans des bureaux de vote de cinq villages de Daleh, selon un responsable local.

À Chabwa, les autorités ont eu recours à des chefs tribaux pour assurer l'arrivée des urnes dans certains villages, selon la commission électorale.

Des dizaines de protestataires ont attaqué et occupé lundi un centre électoral à Ataq, chef-lieu de Chabwa, selon des militants et témoins. Les forces anti-émeute sont intervenues, lançant des grenades lacrymogènes et tirant en l'air pour reprendre le contrôle du site.