Le ministre de l'Information du nouveau gouvernement d'entente nationale au Yémen, Ali Ahmed al-Amrani, a échappé mardi à une tentative d'assassinat à Sanaa, a annoncé un responsable gouvernemental.

Des inconnus ont ouvert le feu sur la voiture du ministre alors qu'il sortait du siège du gouvernement, à l'issue d'une réunion du cabinet, a précisé ce responsable qui a requis l'anonymat, ajoutant que trois balles avaient touché la voiture sans atteindre le ministre.

Il s'agit de la première tentative d'assassinat visant un membre du gouvernement d'entente nationale formé le 7 décembre et appelé à gérer la transition jusqu'à l'élection présidentielle du 21 février.

Dirigé par Mohamed Basindawa, chef de l'opposition, ce gouvernement d'union est formé à parité entre l'opposition et le Congrès populaire général (CPG), le parti du président Ali Abdallah Saleh.

Le ministre de l'Information faisait partie du CPG, mais il avait démissionné en mars 2011 avec un grand nombre de responsables du parti pour protester contre la répression sanglante à Sanaa des manifestations réclamant le départ de M. Saleh.

Après des mois de manifestations, le président Saleh a finalement accepté en novembre un accord sur le transfert du pouvoir, en vertu duquel il reste président à titre honorifique jusqu'à la présidentielle du 21 février. Il se trouve actuellement aux États-Unis pour des soins médicaux.

Série de raids visant Al-Qaïda, 15 morts dont des chefs locaux

Quinze membres d'Al-Qaïda, dont des chefs locaux, ont été tués dans une série de raids nocturnes sur des positions du réseau dans le sud du Yémen attribués mardi par un responsable militaire yéménite aux États-Unis.

Ces raids d'une extrême précision ont notamment visé une école dans laquelle des chefs locaux et des combattants du réseau tenaient une réunion vers minuit (lundi 21 h GMT), faisant douze tués, selon des dignitaires tribaux.

Ils interviennent alors qu'Al-Qaïda gagne de plus en plus de terrain dans le sud et l'est du Yémen à la faveur de l'affaiblissement du pouvoir central et du début de l'effondrement des forces armées après le départ du président Ali Abdallah Saleh.

«Les raids ont été menés par des avions américains», a affirmé à l'AFP un responsable militaire yéménite, qui a requis l'anonymat.

Les États-Unis n'ont jamais reconnu mener des raids contre Al-Qaïda au Yémen, mais des documents diplomatiques diffusés par WikiLeaks en ont fait état.

Selon des dignitaires tribaux, quatre raids ont visé deux positions d'Al-Qaïda dans les environs des localités de Loder et d'al-Wadih dans la province d'Abyane, où le réseau est fortement implanté.

Deux raids ont visé une école où étaient réunis des membres d'Al-Qaïda et un troisième a touché de plein fouet une voiture tout-terrain proche de l'école.

Douze membres d'Al-Qaïda ont été tués, dont un chef local recherché par les autorités, Abdel Moneem al-Fathani (bien al-Fathani), ainsi qu'Amir Darawich, «émir» (commandant) de Chaqra, une localité tenue par le réseau, et trois autres chefs locaux, ont indiqué ces sources.

Un quatrième raid a visé un barrage de contrôle établi par Al-Qaïda, faisant trois tués, selon les mêmes sources.

«Deux avions ont mené ces raids et ont continué à survoler la région pendant la nuit», a affirmé un chef tribal à l'AFP.

«Des explosions violentes ont secoué ma maison, bien que j'habite à une trentaine de kilomètres» du lieu visé, a affirmé un habitant de Loder à l'AFP.

Des témoins ont vu des militants d'Al-Qaïda retirer des corps calcinés des décombres de l'école, alors que 12 membres du réseau, blessés, ont été admis dans deux hôpitaux de la région, selon des sources médicales.

Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), née de la fusion des branches saoudienne et yéménite du réseau, a pris le contrôle de plusieurs localités du sud et de l'est du Yémen, dont Zinjibar, chef-lieu de la province d'Abyane.

Des centaines de combattants d'Al-Qaïda avaient occupé à la mi-janvier la ville de Radah (130 km au sud-est de Sanaa), se rapprochant ainsi de la capitale, avant de s'en retirer quelques jours plus tard sous la pression des tribus et en échange de la libération de cinq des leurs.

Mardi, deux soldats yéménites ont été tués et plusieurs blessés lors d'une attaque menée par des combattants d'Al-Qaïda sur un poste de contrôle de l'armée aux environs de Radah, selon des chefs tribaux.

Al-Qaïda a profité de l'affaiblissement du pouvoir central avec le soulèvement populaire contre le président Saleh, qui a quitté le pays la semaine dernière en vertu d'un accord politique prévoyant l'élection le 21 septembre de son numéro deux, Abd Rabbo Mansour Hadi, au poste de président.

Le New York Times avait rapporté il y a plusieurs mois que les États-Unis avaient accentué leurs raids contre des militants présumés d'Al-Qaïda au Yémen à l'aide de drones et d'avions, en raison de l'instabilité au Yémen.

Le raid le plus spectaculaire est intervenu le 30 septembre entre Marib et Jouf, deux régions à l'est et au nord de Sanaa, et a coûté la vie à l'imam radical américano-yéménite Anwar Aulaqi.

Le Washington Post avait affirmé pour sa part que les États-Unis construisaient un réseau de nouvelles bases pour des drones (aéronefs sans pilote) afin de frapper des membres d'Al-Qaïda au Yémen et en Somalie.