La pression régionale s'est accrue mardi sur le régime du président syrien Bachar El-Assad, l'Arabie saoudite ayant exhorté ses citoyens à quitter le pays et la Turquie ayant indiqué qu'elle pourrait se servir de l'Irak comme nouvelle route commerciale. Une telle décision isolerait complètement la Syrie, qui fait face à des sanctions économiques pour la répression brutale du soulèvement populaire contre le régime.

Mais le ministre russe des Affaires étrangères a donné un coup de pouce au régime syrien mardi, mettant la communauté internationale en garde contre les ultimatums imposés au gouvernement de Bachar El-Assad.

Sur le terrain, au moins 11 personnes ont été tuées mardi par les forces de sécurité lors d'une série de raids et de fouilles dans des résidences. Cinq personnes ont été tuées à Rankous, en banlieue de Damas, cinq autres à Homs, dans le centre du pays, et une à Saraqeb, dans la province d'Idlib.

La Syrie représente la principale voie de transit des échanges commerciaux au Moyen-Orient, ce qui, espère Damas, devrait permettre d'amortir les effets des nouvelles sanctions imposées par la Ligue arabe et la Turquie. Ces sanctions devraient être un peu plus dures que celles déjà imposées par les États-Unis et l'Union européenne, qui ont des relations commerciales limitées avec la Syrie.

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Moallem, a déclaré que les sanctions de la Ligue arabe équivalaient à une «guerre économique» et a prévenu que Damas pourrait se servir de sa situation géographique stratégique pour infliger ses propres dommages économiques.

Le ministre turc des Transports a indiqué mardi qu'il y avait des solutions de rechange au transit en Syrie, mais il n'a pas dit quand une telle décision pourrait être prise.

«Nous prévoyons faire passer le transport de transit par l'Irak, en ouvrant de nouveaux postes frontaliers, si la situation s'aggrave en Syrie», a dit Binali Yildrim à l'agence de presse officielle Anadolu Agency. Il a indiqué que dans une telle éventualité, la Turquie augmenterait le nombre de passages frontaliers avec l'Irak.

En visite mardi au Luxembourg, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a précisé que les sanctions contre la Syrie ne viseraient jamais l'approvisionnement en eau ou en électricité.

Un responsable du gouvernement syrien a par ailleurs indiqué que M. Al-Moallem se rendrait mercredi à une réunion d'urgence de l'Organisation de la coopération islamique en Arabie saoudite pour discuter de la situation en Syrie.

La Syrie est de plus en plus isolée sur la scène internationale. Mais le régime El-Assad continue de s'appuyer sur le soutien de la Chine et de la Russie pour éviter les sanctions de l'ONU et contourner son propre isolement.

Le mois dernier, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression du soulèvement populaire en Syrie, estimant que l'OTAN avait détourné une précédente résolution autorisant l'usage de la force pour protéger les civils en Libye.

Mardi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a repoussé avec colère les appels à un embargo sur les armes en Syrie, les jugeant «injustes». Il a fait écho aux allégations du régime syrien, qui affirme que les groupes militants opposés au gouvernement sont armés par des pays étrangers.

«La chose la plus importante pour l'instant est de cesser d'imposer des ultimatums et de tenter d'utiliser des moyens politiques», a dit M. Lavrov.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU tiendra une réunion d'urgence vendredi au sujet de la Syrie, ont indiqué des diplomates occidentaux en poste à Genève. Ce sera la troisième réunion spéciale du Conseil des droits de l'homme depuis le début du soulèvement en Syrie, à la mi-mars.