Des centaines de femmes yéménites ont fait brûler mercredi leurs voiles et leurs vêtements noirs (makrama) dans une grande artère de Sanaa pour protester contre la répression brutale contre le soulèvement populaire.

Cet acte de brûler ses vêtements se réfère à une tradition bédouine, qui signifie qu'on en appelle à l'aide des hommes de la tribu.

Les femmes ont fait une pile de leurs vêtements noirs et l'ont enflammée, au cri de «qui protègent les femmes yéménites des crimes des voyous?». Elles ont distribué des tracts appelant à l'aide et à leur protection: «ceci est un appel des femmes libres du Yémen, ici nous brûlons nos makrama aux yeux du monde pour témoigner des massacres sanglants perpétrés par le tyran Saleh».

Un groupe de femmes soutenant le président yéménite, au pouvoir depuis plus de 30 ans, se sont rendues au bureau de l'ONU, pour dénoncer la pression internationale exercée sur Saleh pour qu'il se retire.

Les femmes ont joué un grand rôle depuis le début du soulèvement, le prix Nobel de la Paix a d'ailleurs été décerné notamment à une militante des droits de l'homme yéménite Tawakkul Karman.

Cette manifestation intervient alors que les affrontements entre les forces fidèles au président Ali Abdullah Saleh et les combattants soutenant l'opposition, qui demandent son départ, se sont intensifiés.

Au moins 21 Yéménites, militaires et civils, ont péri dans les violences depuis l'annonce mardi soir par le département d'État américain d'une intention du président Ali Abdallah Saleh de céder le pouvoir.

L'agence officielle Saba a affirmé que deux civils avaient été tués mercredi dans le bombardement de zones résidentielles à Sanaa, en «violation flagrante par l'opposition de la trêve» annoncée mardi et qui n'a pas tenu.

Ces morts viennent s'ajouter à 19 autres tombés depuis mardi soir dans la capitale et Taëz, deuxième ville du pays, selon des sources médicales.

Parmi ces victimes figurent une femme et un bébé morts à Taëz dans leur maison, qui a été touchée par une bombe des troupes gouvernementales, selon une source médicale.

Un autre civil a péri dans cette ville du sud-est du pays, un épicentre de la contestation.

Au moins sept partisans du chef tribal Sadek al-Ahmar, qui a rallié l'opposition, ont été tués dans des combats à Al-Hassaba, quartier du nord de Sanaa où il réside, selon des sources médicales.

Le ministère de la Défense a en outre annoncé la mort de neuf soldats dans les combats d'Al-Hassaba les opposant aux forces du général dissident Ali Mohsen al-Ahmar, commandant de la 1re division blindée.

Le gouvernement avait pourtant annoncé mardi à Sanaa une trêve qui n'a pas tenu et qui est intervenue après la mort de 15 personnes dans des violences dans la capitale et à Taëz.

Le Yémen est secoué depuis fin janvier par un soulèvement populaire, qui a déjà fait des centaines de morts et des milliers de blessés.

Le président Ali Abdallah Saleh, dont les manifestants réclament le départ, a «réaffirmé son engagement à signer» un plan de règlement proposé par les monarchies du Golfe et qui prévoit sa démission en échange d'une immunité, a rapporté mardi le département d'État américain en lui demandant de «tenir cet engagement».

M. Saleh a déjà promis à plusieurs reprises de signer le plan du Golfe et de quitter le pouvoir, mais s'est à chaque fois ravisé.

Protestant contre la mort d'au moins trois femmes et trois enfants au cours des derniers jours

-Avec AFP