Des dizaines de milliers de Yéménites ont manifesté lundi à Sanaa, appelant les Nations unies à intervenir pour forcer le président contesté Ali Abdallah Saleh à quitter le pouvoir.

«Pourquoi le monde garde le silence alors que le peuple yéménite est tué», ont scandé les manifestants, qui se sont ébranlés de la Place du changement, épicentre de la contestation dans le centre de Sanaa.

«Notre manifestation est un message au Conseil de sécurité, pour lui demander de faire pression sur Saleh et les restes de son régime afin qu'ils partent», a déclaré à l'AFP l'un des organisateurs, Mohammad al-Assal, membre du comité des Jeunes de la révolution.

Les manifestants sont restés dans le secteur contrôlé par les troupes ralliées à la contestation, afin d'éviter des heurts avec les soldats fidèles au président Saleh.

L'opposition yéménite s'est déclarée dimanche favorable à un examen de la crise politique par le Conseil de sécurité alors que l'émissaire des Nations unies, Jamal ben Omar, doit présenter mardi un rapport sur la situation au Yémen.

La Première division blindée commandée par le général dissident Ali Mohsen al-Ahmar contrôle une partie de Sanaa alors que les troupes fidèles au président Saleh tiennent le reste de la capitale.

Des dizaines de journalistes ont par ailleurs observé lundi un sit-in pour réclamer la libération d'un de leurs collègues, Mohammad Soudam, correspondant de l'agence Reuters et interprète du président contesté, qui a été appréhendé à un barrage de la Première division blindée vendredi.

Les journalistes ont demandé l'intervention de la militante Tawakkol Karman, qui a reçu vendredi le prix Nobel de la paix pour sa défense des droits de l'Homme et des journalistes, pour obtenir la libération de leur collègue.

Des enlèvements et des contre-enlèvements d'officiers et de hauts fonctionnaires sont fréquemment signalés entre les unités rivales de l'armée, que des combats opposent par intermittence.

À Taëz (sud-ouest), 40 femmes ont été blessées dimanche soir lors de la dispersion violente par le régime yéménite d'une manifestation qui célébrait l'attribution du Nobel de la Paix à Mme Karman, selon des sources médicales.

«Des hommes à la solde du régime ont attaqué à coups de pierres et de bouteilles vides la manifestation, faisant 40 blessées parmi les femmes», a indiqué lundi à l'AFP une membre du comité d'organisation de la manifestation.

La ville de Taëz (270 km au sud-ouest de Sanaa) est l'un des principaux foyers de la contestation du régime de M. Saleh qui refuse de quitter le pouvoir.

Trois personnes y ont été blessées lors d'affrontements qui ont éclaté lundi à l'aube entre les troupes fidèles à M. Saleh et des combattants tribaux ralliés au mouvement de contestation, selon des sources médicales.

Des habitants ont indiqué que les hommes de la Garde républicaine, commandée par le fils aîné de M. Saleh, Ahmed, tentaient de prendre d'assaut le quartier de Rawda dans le centre de Taëz, défendu par les combattants tribaux.

Le président Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, refuse de démissionner malgré la vague de contestation populaire qui secoue le pays depuis janvier.