Les forces de sécurité syriennes ont tué mardi neuf civils en menant des perquisitions dans le nord-ouest, le sud et le centre de la Syrie, alors que le régime, secoué par un mouvement de contestation populaire, a accusé les Occidentaux de vouloir semer le chaos dans le pays.

Depuis la tribune de l'ONU, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a accusé lundi l'Occident de vouloir semer le «chaos total» en vue de «démanteler» la Syrie.

Il a affirmé devant l'Assemblée générale des Nations unies que les manifestations anti-régime étaient devenues le «prétexte à des interventions étrangères», ajoutant que des gouvernements étrangers cherchaient à saboter la coexistence entre les différents groupes religieux en Syrie.

L'Union européenne et les États-Unis font pression en faveur de sanctions de l'ONU contre la Syrie. Ils ont déjà imposé des sanctions au régime du président Bachar al-Assad en raison de la répression sanglante des manifestations qui a fait plus de 2.700 morts.

Selon des diplomates à l'ONU, les pays européens ont rédigé un nouveau projet de résolution pour le Conseil de sécurité de l'ONU sur la répression sanglante en Syrie qui prévoit une menace de sanctions, plutôt que des sanctions immédiates.

La répression a fait entre-temps neuf morts parmi les civils, dont six à Homs (centre), troisième ville de Syrie située à 160 km au nord de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Deux autres ont été abattus à Idleb (nord-ouest), près de la frontière turque et un neuvième dans la province de Deraa (sud) où est né le mouvement de contestation,

Pour sa part, la Coordination des comités locaux (LCC), qui organise la mobilisation en Syrie, a fait état de «nombreuses ruines archéologiques touchées par les tirs à Bara» dans la province d'Idleb.

Malgré la répression violente des manifestants, qui va en grandissant, des dizaines de lycéens ont manifesté dans les villes côtières de Jablé et Lattaquié, et à Deir Ezzor (est), pour la chute du régime, selon des témoins et des habitants.

Parallèlement, Al-Ghad, une alliance des militants sur le terrain, formée le 18 septembre, a accusé le pouvoir d'avoir «tué des personnalités scientifiques à Homs, en tentant de répéter le scénario des assassinats» qui avaient été perpétrés en Syrie dans les années 80.

Al-Ghad «dénonce ces crimes odieux» et fait porter «la responsabilité du sang syrien qui coule sur le régime (...) qui a échoué à provoquer des dissensions confessionnelles à Homs, mais tente encore une fois de les aiguiser en visant des personnalités scientifiques», ajoute le communiqué.

L'adjoint du doyen de la faculté d'architecture de l'Université al-Baas à Homs, Mohammad Ali Aqil, et le directeur de l'école militaire de pétrochimie, Naël Dakhil, ont été assassinés lundi par des inconnus à Homs, avait annoncé l'OSDH.

A Paris, les autorités françaises ont lancé mardi un appel pressant pour la libération de Rafah Nached, psychanalyste syrienne de renom, arrêtée le 10 septembre à Damas, et dont l'état de santé «s'est fortement dégradé», selon ses proches.

Le ministère français des Affaires étrangères a dénoncé un «régime syrien (qui) va dans le mur» et que «l'Histoire a déjà condamné».

La scientifique, âgée de 66 ans, serait «sous le coup d'une possible inculpation pour +incitation au soulèvement, incitation au renversement du gouvernement et non-respect de l'ordre public+» et risque jusqu'à 7 ans de prison, a affirmé sa famille.

Des experts politiques ont prévenu qu'une militarisation de la révolte en Syrie, idée véhiculée par une poignée d'opposants au régime, mènerait inéluctablement à une guerre civile.

«Pour l'instant, la majorité des manifestants veulent que le mouvement reste pacifique, mais après tous ces mois de répression, il y a un risque de militarisation», affirme Agnès Levallois, experte du Moyen-Orient.

«Le recours aux armes peut absolument mener à une guerre civile. S'il y a militarisation, plus personne ne pourra rien contrôler», prévient-elle.

Depuis le début du mouvement de contestation à la mi-mars, le régime syrien accuse des «groupes armés» de tuer des militaires et des civils pour semer le chaos en Syrie, parfois avec le soutien d'Israël ou d'autres pays étrangers.

«La France et ses partenaires de l'UE s'apprêtent à soumettre au Conseil de sécurité un nouveau projet de résolution sur la répression en Syrie», a indiqué mardi la mission française à l'ONU sur son compte Twitter.

La Russie et la Chine ont menacé d'opposer leur veto à toute sanction proposée au Conseil de sécurité contre le régime syrien. Le Conseil de sécurité s'est contenté jusque-là d'une déclaration sur la répression des manifestations en Syrie.