Le vice-président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a appelé mardi à un cessez-le-feu dans les violents affrontements entre forces rivales à Sanaa qui ont fait 76 morts en trois jours.

En soirée, la situation était calme dans la capitale après des combats entre partisans et opposants du président Ali Abdallah Saleh qui ont coûté la vie à 23 personnes mardi, après 27 morts lundi et 26 morts dimanche notamment dans la répression des manifestations anti-Saleh.

Les deux camps ont assuré se conformer à l'appel de M. Hadi, qui assure l'intérim du chef de l'État soigné depuis plus de trois mois en Arabie saoudite après avoir été blessé le 3 juin dans une attaque contre son palais à Sanaa.

Cette trêve favoriserait les efforts diplomatiques entrepris par l'ONU et les monarchies du Golfe pour une transition du pouvoir au Yémen, en proie depuis huit mois à une contestation populaire de M. Saleh qui refuse de quitter le pouvoir.

«Le vice-président a donné de strictes directives pour un cessez-le-feu rapide», a déclaré une source au ministère de la Défense, ajoutant que les forces gouvernementales avaient respecté ces directives.

Les troupes du général dissident Ali Mohsen Al-Ahmar, rallié au mouvement de contestation, observent pour leur part ce cessez-le-feu «pour mettre en échec les plans de la bande qui cherche l'escalade militaire», a déclaré une source au sein de la dissidence.

Les écoles et les banques sont restées fermées et les habitants de certains quartiers de Sanaa se sont terrés chez eux.

Les accrochages armés et les bombardements à Sanaa contre les protestataires ont fait 10 morts dans la journée «dont un soldat du général (dissident), et 58 blessés par balles», a déclaré à l'AFP Mohamed al-Qobati, un médecin à l'hôpital de campagne sur la place du Changement, épicentre de la contestation.

Malgré les violences et sous la protection des soldats du général dissident, des milliers de manifestants avaient marché de la place du Changement vers la rue al-Zoubeiri où étaient concentrés les accrochages, mais avaient dû rebrousser chemin devant l'intensité des affrontements.

Des positions des hommes du général Ahmar ont été la cible de bombardements depuis un quartier du sud de la capitale, où sont déployées des unités de la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, dirigée par le fils aîné de M. Saleh, Ahmed, selon des témoins.

En outre, 13 hommes armés ont été tués et 20 blessés dans le bombardement par la Garde républicaine d'un quartier de Sanaa où se trouvent les résidences du général dissident et de cheikh Hussein al-Ahmar, un dignitaire de la même tribu et un chef de l'opposition, selon son entourage.

À Taëz, deuxième plus grande ville du pays, un civil a été tué par un obus, au lendemain de violences qui avaient déjà fait quatre morts, selon une source médicale.

Les violences ont empêché une rencontre entre l'opposition yéménite et les émissaires de l'ONU, Jamal Benomar, et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) Abdellatif al-Zayani, arrivés lundi à Sanaa pour accélérer un accord sur une sortie de crise.

«L'opposition ne peut pas les rencontrer au moment où le sang coule à Sanaa», a déclaré un dirigeant du Forum commun, une coalition de l'opposition parlementaire.

Un responsable du parti au pouvoir, Soltane al-Barakani, a accusé l'opposition d'avoir «entravé» la médiation de l'ONU et du CCG.

M. Saleh, au pouvoir depuis 1978, a chargé la semaine dernière son vice-président de négocier avec l'opposition un transfert du pouvoir conformément à un projet élaboré par le CCG.

L'Union européenne a jugé nécessaire de «signer et mettre en oeuvre» rapidement ce plan. Les États-Unis ont dit «garder l'espoir qu'un accord sera atteint et mènera à la signature de l'initiative du CCG dans une semaine».