Sept civils ont été tués mercredi par l'armée qui a étendu ses opérations dans le nord-ouest de la Syrie pour étouffer le mouvement de contestation, celui-ci ne faiblissant pas malgré les répressions orchestrées par le régime de Bachar al-Assad.

L'intensification des opérations dans la province d'Idleb est intervenue pendant que les militants pour la démocratie appelaient à une mobilisation jeudi dans la région voisine d'Alep, deuxième ville de Syrie et coeur économique du pays, où les manifestations de protestation ont été jusque-là modestes.

«Les Révolutionnaires, venez des provinces d'Alep et d'Idleb et entrez dans le coeur d'Alep demain jeudi pour manifester et allumer l'étincelle de la Révolution», ont écrit ces militants sur leur page Facebook.

Les chars et les transports de troupes sont intervenus le matin dans de nouveaux villages d'Idleb, à «Mar-Ayane et Ihsem et se trouvent aux abords d'Al-Bara», une localité connue pour ses vestiges romains, selon le président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahmane.

«Les soldats y procèdent à des perquisitions», a dit M. Abdel Rahmane, basé à Londres, en faisant état aussi de nouvelles arrestations d'opposants à Alep et Hassaké (nord-est).

«Sept civils ont été tués par les tirs de l'armée dans les villages d'Al-Rami et de Mar-Ayan. Les hommes fuient en masse les villages de crainte d'être arrêtés», a indiqué un autre militant se trouvant dans cette région.

Depuis mardi, les soldats appuyés par des blindés et des chars ont étendu leurs opérations de ratissage dans la province d'Idleb, notamment à Al-Rami, situé non loin de l'autoroute menant à Alep, plus au nord-est.

Dans cette ville, environ 300 avocats ont organisé un sit-in à l'intérieur du Palais de Justice, scandant «Le sang syrien est précieux!» et «le peuple syrien est un!», ainsi que des slogans en faveur de la liberté.

Parallèlement, des avocats partisans du président Assad ont organisé un sit-in dans une autre pièce du bâtiment.

Malgré la répression sanglante de la contestation, les manifestations continuent contre le régime, en particulier en soirée pour tenter d'éviter une dispersion par les forces de sécurité.

Mardi soir encore, entre 50 000 et 60 000 manifestants ont défilé à Deir Ezzor (est), ont dit des militants.

Outre son intervention dans le Nord-Ouest, frontalier de la Turquie, qui a poussé plus de 10 000 habitants à fuir, l'armée a intensifié son offensive dans le Sud où elle est entrée dans Kseir, provoquant là aussi l'exode de Syriens, cette fois vers le Liban voisin.

Depuis le début de la révolte le 15 mars, le pouvoir, qui ne reconnaît pas explicitement l'ampleur de la contestation, évoque la présence de «terroristes armés qui sèment le chaos», pour tenter de justifier l'intervention de l'armée.

En revanche, le régime a implicitement autorisé la réunion sans précédent lundi à Damas d'une centaine d'opposants indépendants et d'intellectuels qui ont appelé à la poursuite du «soulèvement pacifique» jusqu'à l'avènement de la démocratie en Syrie, gouvernée par le parti unique Baas depuis près de 50 ans.

Mais après cette réunion dénoncée par les militants animant la contestation, mais saluée par Paris et Washington, l'écrivain Mounzer Khaddam, qui l'avait présidée, a été pris à partie mardi soir par des manifestants partisans du régime, ont raconté des militants.

Plus de 150 «miliciens» présents près de son domicile à Lattaquié (nord-ouest) ont scandé des «slogans hostiles à la réunion de Damas et proféré des insultes», ont dit M. Abdel-Rahmane et un autre militant.

«Nous imputons aux autorités toutes les stupidités que pourraient commettre ces Shabbiha (milices partisanes du pouvoir) à l'encontre des opposants», a ajouté M. Abdel Rahmane, accusant ces miliciens de «participer à la répression des manifestants» et de «torturer des gens».

Depuis le début du mouvement de contestation, plus de 1300 civils ont été tués et 10 000 personnes arrêtées par les forces syriennes, selon des ONG, le régime restant sourd aux protestations internationales.