La Libye est à la croisée des chemins entre l'établissement d'une démocratie pacifique et l'éruption d'une guerre civile, a déclaré mardi la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, lors d'une audition au Congrès.

«Dans les années à venir, la Libye pourrait devenir une démocratie pacifique ou s'enfoncer dans une guerre civile prolongée» et sombrer dans le chaos, a déclaré Mme Clinton devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. «Les enjeux sont élevés», a-t-elle souligné.

Mme Clinton était au Congrès mardi pour défendre le budget de la diplomatie américaine contre les tentatives républicaines pour lui imposer des économies, en particulier en réduisant drastiquement la dotation de l'Agence fédérale d'aide au développement.

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi s'accrochait toujours mardi au pouvoir après plus de deux semaines d'insurrection, tandis que l'opposition, maîtresse de vastes régions du pays, organisait la lutte armée et que les Occidentaux envisageaient tous les scénarios, y compris militaires.

Une intervention pourrait être «extrêmement contre-productive»

Le nouveau ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a estimé mardi sur la chaîne de télévision française TF1 qu'une intervention militaire de l'OTAN en Libye «mérite d'être regardée à deux fois» et pourrait être «extrêmement contre-productive» dans l'opinion arabe.

Interrogé sur l'éventualité d'une intervention militaire, M. Juppé a répondu: elle «mérite d'être regardée à deux fois. Je ne sais pas quelle serait la réaction de la rue arabe, des populations arabes tout au long de la Méditerranée si on voyait les forces de l'OTAN débarquer sur un territoire du sud méditerranéen», a-t-il dit.

«Je pense que cela pourrait être extrêmement contre-productif», a-t-il ajouté.

«Avant d'en arriver là, nous essayons d'accentuer les pressions pour faire tomber Kadhafi, il va tomber, il tombera, parce qu'il est déjà isolé dans Tripoli», a ajouté le ministre, qui a pris ses fonctions mardi en remplacement de Michèle Alliot-Marie.

Kadhafi «a perdu le contrôle de la plus grande partie du territoire de la Libye; la menace, pour la première fois brandie par le Conseil de sécurité des Nations unies, de le traduire devant la Cour pénale internationale (CPI) est quelque chose qui peut le faire réfléchir», a-t-il estimé.

«Les Américains font bouger leurs bateaux, ils n'ont pas décidé d'intervenir militairement», a-t-il encore remarqué.