«Je suis Mona Seif, du Caire. Je veux que le monde sache que nous avons été déconnectés de l'internet et qu'on va aussi l'être des téléphones portables, alors si vous n'avez pas de nos nouvelles demain, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas la première fois qu'ils nous font le coup.»

Voilà le genre de message que l'on peut lire sur l'internet en provenance d'Égypte. Malgré l'éclipse numérique, les Égyptiens peuvent se faire entendre grâce à des messages téléphoniques. Depuis lundi, plusieurs centaines de messages ont été transcrits sur un site mis au point par Twitter et Google: Speak to Tweet.

Le principe est simple: il suffit de téléphoner pour laisser un message vocal, lequel est ensuite transcrit, traduit et mis en ligne sur Twitter (@speak2tweet). On peut aussi écouter les messages sur SayNow (acquis la semaine dernière par Google) ou sur le site Alive in Egypt.

Les nouveaux messages sont signalés sur Twitter. Ils proviennent tant d'Égyptiens qui, comme Mona, décrivent ce qu'ils vivent que de citoyens ailleurs dans le monde qui souhaitent exprimer leur soutien aux Égyptiens. Ils sont transcrits et traduits par des bénévoles.

Ce n'est pas la première fois que les médias sociaux s'invitent dans des soulèvements populaires au Proche-Orient: en 2009, Twitter avait réuni les Iraniens lors de la révolution verte, et le réseau social Facebook a souvent été cité pendant la révolution du jasmin, en Tunisie. Avec Speak to Tweet, Google et Twitter font surtout un geste symbolique, croit Lisa Lynch, professeure adjointe en journalisme à l'Université Concordia.

«En sollicitant l'aide des internautes, cela donne aux gens l'impression de participer aux événements. Je ne crois pas que cela change grand-chose à ce qui se passe, même si les problèmes de communication avec l'Égypte sont tellement nombreux que toute tentative de montrer la robustesse des infrastructures de télécommunications est symbolique», explique-t-elle.

Hier, en fin d'après-midi, le service comptait seulement 8700 abonnés sur Twitter. À titre de comparaison, Guy A. Lepage est suivi par 31 000 personnes, et 6 millions d'abonnés suivent Justin Bieber.

Liens: egypt.alive.in googleblog.blogspot.com twitter.com/speak2tweet www.saynow.com/info/press_google