Les Nations unies ont confirmé mardi que l'armée soudanaise s'était retirée de la région d'Abyei, que se disputent le Soudan et le Soudan du Sud, mettant fin à une année d'occupation.

Le Soudan et le Soudan du Sud ont repris mardi à Addis Abeba des pourparlers de paix interrompus début avril après de violents combats à leur frontière commune, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le négociateur en chef du Soudan, Idriss Mohammed Abdel Qadir, et celui du Soudan du Sud, Pagan Amum, se sont rencontrés en fin d'après-midi en présence du médiateur de l'Union africaine, l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, et de l'émissaire américain pour les deux pays Princeton Lyman.

Dans un communiqué à l'ouverture des pourparlers, Khartoum a souligné «son engagement pour parvenir à une solution négociée sur tous les points» de contentieux, promettant «sa complète adhésion en faveur de la paix et de la stabilité entre les deux pays».

Le Soudan a ajouté espérer que ces pourparlers allaient marquer l'ouverture «d'un nouveau chapitre».

Le président sud-soudanais Salva Kiir a déclaré avant l'ouverture de la réunion qu'un «dialogue amical (...) avec Khartoum est la seule option pour la paix».

Le jour même de la reprise des pourparlers, l'armée soudanaise annonçait son retrait de la région disputée d'Abyei comme le lui avait demandé l'ONU, mettant ainsi fin à un an d'occupation, a indiqué un média proche du pouvoir.

«Les forces armées soudanaises (SAF) se sont déployées hors de la région d'Abyei ce soir et elles ont remis le complexe militaire aux forces de paix de l'ONU», a annoncé le Centre des médias soudanais, proche des services de renseignements. Une affirmation contestée par Juba: «Le Soudan ne s'est pas retiré, ses soldats sont toujours là», a affirmé Pagan Amum.

Mais plus tard à New York, un porte-parole de l'ONU «a confirmé que le retrait des Forces armées soudanaises (SAF) de la région d'Abyei s'était achevé tard dans la soirée» de mardi.

Avant la reprise de ces négociations, le Soudan du Sud a accusé mardi Khartoum d'avoir lancé de nouveaux bombardements sur trois États sud-soudanais -- ceux du Bahr el Ghazal occidental, du Bahr el Ghazal Nord et de l'Unité.

«Alors que nous discutons, ils nous bombardent,» avait déclaré Pagan Amum. Mais «nous assisterons (aux pourparlers) quoi qu'il arrive,» avait-il dit.

Après de violents affrontements en avril ayant fait craindre une guerre ouverte, le Conseil de sécurité de l'ONU avait appelé les deux voisins à cesser les hostilités et à reprendre les discussions sur les questions non réglées depuis l'indépendance du Sud en juillet 2011.

Le Conseil avait aussi exigé que les deux voisins retirent leurs forces d'Abyei d'ici le 16 mai.

Les tensions n'ont cessé de s'intensifier depuis l'indépendance du Sud, notamment sur la délimitation de la frontière commune, le partage des revenus pétroliers et le statut de zones contestées, comme celle d'Abyei.

Zone démilitarisée à la frontière?

C'est une brève conquête par l'armée sud-soudanaise du plus important puits de pétrole soudanais, celui de Heglig, et une série de bombardements soudanais en territoire sud-soudanais qui ont mis le feu aux poudres ces dernières semaines.

Khartoum a claqué la porte des négociations début avril et jamais depuis l'accès à l'indépendance du Sud en juillet 2011 les deux voisins n'ont semblé si proches d'un nouveau conflit ouvert.

Avant les accords de paix de 2005, qui ont ouvert la voie à la partition du Soudan, Juba et Khartoum se sont livré des décennies de guerre civile. La dernière vague du conflit, entre 1983 et 2005, a fait quelque 2 millions de morts.

Sous la pression internationale -- du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Union africaine, qui joue les médiateurs dans la crise soudanaise --, les deux parties ont finalement accepté la semaine dernière de reprendre le dialogue.

Juba et Khartoum revendiquent toutes deux le contrôle d'Abyei. Mais elles s'opposent aussi sur le partage des ressources pétrolières du Soudan d'avant la partition -- le Sud a hérité des trois quarts des réserves de brut du pays mais reste tributaire du Nord pour exporter -- et s'accusent mutuellement de soutien à des groupes rebelles sur le sol de l'autre.

La démarcation de la frontière Nord-Sud n'a jamais, non plus, été finalisée.

L'objet immédiat des négociations est d'obtenir un engagement clair des deux pays à respecter une zone démilitarisée à la frontière.

En attendant, les agences humanitaires ne cessent d'attirer l'attention sur le sort des civils vivant dans les zones frontalières.