Dans les heures qui ont suivi les attentats de Bruxelles, Laurent Ciman a pris le chemin de l'entraînement mardi matin. «Pour changer d'air.» Le défenseur belge de l'Impact a préféré s'exprimer réellement sur le sujet hier. Particulièrement «touché», «triste avant tout», il a tout évoqué sauf le ballon rond.

«Il n'y a pas de mot pour définir ce que je ressens et ce qui s'est passé là-bas. J'ai même du mal à m'exprimer là-dessus. C'est vous dire combien ça me touche.»

La mine un peu basse, calmement, Ciman s'est confié brièvement aux médias montréalais hier midi. Il venait tout juste de terminer la séance d'entraînement dirigée par Mauro Biello. Une séance bénéfique. «Ça me change un peu les idées, je vois du monde, je peux transpirer, changer d'air, ça fait du bien.»

Malgré les évènements tragiques ayant secoué son pays, sa famille, ses amis, pas une seconde il n'a songé à déclarer forfait cette semaine. «Je pense que ça ne sert à rien que je prenne congé ou pas», a-t-il dit. 

«Je suis professionnel, je dois venir m'entraîner comme tout le monde le matin. Et de toute façon, ça ne change rien que je reste chez moi et que je me morfonde.»

Natif de Farciennes, dans la province wallonne du Hainaut, dans le sud du pays, Ciman n'a jamais joué à Bruxelles de toute sa carrière professionnelle. Lorsque les bombes ont explosé à l'aéroport et dans le métro de la capitale belge, il avait là-bas une seule parente, «la marraine de [sa] soeur». Heureusement pour elle, elle ne travaillait pas sur les lieux des explosions. Mais depuis, le quotidien est tendu.

«J'ai eu mes parents au téléphone. Ils n'osent pas bouger de la maison, pareil pour des amis. C'est vraiment chaotique», a précisé hier le joueur belge.

Ce dernier se montre très altruiste dans la difficulté. «C'est la Belgique, ça te touche un peu plus. Mais je suis aussi touché que lorsque c'est arrivé à Paris. Je pense que si demain, c'est ailleurs, on sera aussi touchés. Je pense qu'il faut se mobiliser, il faut essayer de trouver les coupables et essayer de les arrêter parce que je pense que ça a assez duré.»

«La prochaine va être la Belgique»

Comme bon nombre de Belges, Ciman redoutait ce qui est arrivé mardi: «À partir du moment où on a dit qu'à Paris les gens armés et les armes venaient aussi de Molenbeek près de Bruxelles, on s'est dit: "Bon, OK, la prochaine va être la Belgique." Après, on en parle et les jours avancent, on ne se pose pas des questions non plus et les gens continuent à vivre. Mais malheureusement, je pense que oui, la plupart des gens s'y attendaient.»

En Belgique comme un peu partout en Europe, le sport est rapidement passé au second plan mardi. Le match amical de football qui devait opposer la Belgique au Portugal à Bruxelles le 29 mars a d'abord été annulé - «Je trouvais ça bien», dit Ciman. La Fédération belge de football a finalement annoncé hier que ce match se tiendrait bien. Mais au Portugal. 

«Tant mieux s'ils jouent au Portugal, a réagi Ciman. Comme ça, les joueurs ne seront pas venus en sélection pour rien et le match pourra avoir lieu. Après, je pense qu'il n'y en a pas beaucoup qui ont envie de parler de foot ou des Diables rouges. Là, c'est pas le sport, on est tous tristes. J'ai même pas envie de parler de football.»

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LAURENT CIMAN

> 30 ans, Belge

> Défenseur central

> Clubs successifs: Sporting Charleroi, Club de Bruges, Courtrai, Standard de Liège, Impact de Montréal

> 8 matchs en sélection nationale