La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, était attendue mercredi à New Delhi pour des entretiens avec les dirigeants indiens axés sur la coopération anti-terroriste et destinés à réduire la tension avec le Pakistan voisin.

«Je veux consulter le gouvernement indien pour voir ce que nous pouvons faire pour aider» dans l'enquête sur les attentats qui ont fait 188 morts, dont une trentaine d'étrangers, la semaine dernière à Bombay, a indiqué la chef de la diplomatie américaine mardi à Bruxelles, avant son départ pour l'Inde où elle était attendue mercredi dans la matinée.«Tout le monde doit coopérer complètement et de façon transparente», a déclaré Mme Rice au cours d'une conférence de presse au siège de l'OTAN, où elle venait de participer à une réunion ministérielle. «J'ai donc été satisfaite de voir le communiqué du gouvernement pakistanais indiquant qu'il était prêt à le faire».

Selon un haut responsable du département d'Etat, Mme Rice va faire pression sur ces deux alliés des Etats-Unis, qui entretiennent de difficiles relations de voisinage, pour qu'ils coopèrent et qu'ils échangent leurs informations.

«Nous allons coopérer avec les Indiens et si quelque chose pointe dans la direction du Pakistan, nous coopèrerons aussi avec le Pakistan», a ajouté ce haut responsable ayant requis l'anonymat à quelques journalistes accompagnant Mme Rice dans sa tournée.

«Je pense que le fait que les Etats-Unis coopèrent avec les deux parties à l'identification et la poursuite des groupes terroristes, peut les aider à coopérer entre eux», a encore dit le responsable.

L'Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires, se sont affrontés au cours de trois guerres. Un attentat en 2001 contre le Parlement indien attribué au Lashkar-e-Taiba, le groupe islamiste soupçonné d'être à l'origine des attentats de Bombay, avait causé une très vive tension entre les deux pays.

L'Inde a formellement demandé au Pakistan, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Islamabad, de lui livrer une vingtaine de suspects, notamment Hafeez Sayeed, le chef du Lashkar-e-Taiba, basé au Pakistan et actif au Cachemire.

Le ministre indien des Affaires étrangères Pranab Mukherjee a cependant assuré que son pays n'envisageait pas d'action militaire contre le Pakistan.

(Le directeur du renseignement américain Mike McConnell a accusé mardi sans le citer le mouvement islamiste Lashkar-e-Taïba, basé au Pakistan, d'être à l'origine des attentats meurtriers de Bombay en fin de semaine dernière.

C'est la première fois qu'un responsable de l'administration américaine accuse publiquement ce groupe même si Washington l'avait laissé entendre ces derniers jours).

Depuis le début de la crise provoquée par ces attentats, l'administration américaine assure n'avoir aucune raison de douter de la coopération du Pakistan, malgré les soupçons de collusion entre les services de renseignement pakistanais et certains groupes extrémistes.

Par ailleurs, après les critiques sur la gestion de la crise par les autorités indiennes, des interrogations sont apparues sur leur incapacité à prévenir les attentats.

Selon les chaînes de télévision américaines CNN et ABC, l'Inde a été prévenue dès octobre par les Etats-Unis de la possibilité d'une attaque «venant de la mer» contre des cibles à Bombay.

Interrogée à ce sujet, Mme Rice s'est abstenue de confirmer ces informations. Mais elle a souligné «comprendre» la situation difficile dans laquelle se trouve le gouvernement indien, s'étant trouvée dans la même situation après les attentats du 11 septembre 2001.