Les enquêteurs ont mis un nom sur un huitième membre des commandos djihadistes qui ont semé la mort dans Paris le 13 novembre: le kamikaze qui s'est fait exploser cinq jours après les attentats est Chakib Akrouh, un Belgo-Marocain de 25 ans.

Le parquet de Paris a annoncé jeudi son identification par la comparaison «entre le profil génétique extrait sur le kamikaze» qui était mort durant l'assaut policier du 18 novembre contre un appartement à Saint-Denis (nord de Paris) «et celui de la mère de Chakib Akrouh».

Dans ce logement, avaient également trouvé la mort le djihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs des attaques qui avaient fait 130 morts, et la cousine de ce dernier, qui leur avait procuré cette planque.

Selon une source proche du dossier, le nom de cet homme avait été communiqué fin 2015 par les autorités judiciaires belges, sur la foi d'une photographie d'Akrouh. Celui-ci était parti de Bruxelles début janvier 2015 en Syrie, en compagnie de six ou sept autres personnes.

Son nom circulait depuis plusieurs jours. Mais à l'inverse d'autres membres du commando, à commencer par Abaaoud, il était inconnu des services de police belge, et son profil génétique ne figurait dans aucun fichier.

Son ADN a été retrouvé sur une des trois kalachnikovs laissées dans la Seat abandonnée à Montreuil, au nord-est de Paris, après avoir été utilisée par le commando qui a assassiné 39 personnes installées aux terrasses de bars et restaurants de l'est parisien.

Les enquêteurs pensent donc qu'Akrouh est, avec Abaaoud et un autre Bruxellois, Brahim Abdeslam, le troisième membre de ce groupe. Il est aussi sans doute celui qui a été filmé avec Abaaoud dans le métro parisien juste après les attaques. Brahim Abdeslam est lui mort en kamikaze au Comptoir Voltaire tandis que son cadet, Salah, dont les enquêteurs pensent qu'il a convoyé en voiture les kamikazes du Stade de France, est en fuite.

Le terreau syrien 

Huit des dix membres des commandos sont donc désormais identifiés.

Les assaillants de la salle de concerts du Bataclan, qui ont tué 90 personnes, sont trois Français, Samy Amimour, Omar Mostefaï et Foued Mohamed-Aggad, tous morts dans la salle de spectacles parisienne. Bilal Hadfi, un Bruxellois, s'est fait exploser près du Stade de France, au nord de la capitale.

Restent à identifier les deux autres assaillants du Stade de France: deux hommes qui se sont mêlés à l'automne au flot des migrants, utilisant des passeports syriens avec de fausses identités: Ahmad Al-Mohammad et de Mohammad Al-Mahmod.

Deux autres hommes, dont l'identité n'a pas été précisée, sont détenus en Autriche. Ils ont un lien avec Ahmed Dahmani, un Belgo-Marocain détenu en Turquie où il était arrivé le lendemain des attentats. Soupçonné d'avoir joué un rôle logistique, Mohamed Abrini, qui évoluait également dans la mouvance islamo-délinquante de la commune bruxelloise de Molenbeek, est en fuite.

De nombreuses questions demeurent. Les enquêteurs cherchent à déterminer qui est ou sont le ou les hommes qui étaient, depuis Bruxelles, en contact avec les commandos au soir des attentats, semblant jouer un rôle de coordination. De même, quelle est la personne qui était en possession d'un téléphone portable entré en France vers 20 h le 13 novembre, avant d'arriver en région parisienne vers 22 h, de «borner» près des différents lieux des attentats, puis dans le XVIIIe arrondissement de Paris et en Seine-Saint-Denis?

Qui se cache derrière les pseudonymes Samir Bouzid et Soufiane Kayal? Des papiers belges à ces noms avaient été présentés lors d'un contrôle routier en Autriche en septembre par deux hommes qui voyageaient avec Salah Abdeslam. Et c'est un homme se présentant comme Bouzid qui avait envoyé un mandat à la cousine d'Abaaoud pour payer la planque de Saint-Denis.

Outre la Belgique, la Syrie est le terreau de ces attaques terroristes, les plus meurtrières de l'histoire de France: Akrouh, Abaaoud, Mostefai, Amimour, Mohamed-Aggad, Hadfi, et sans doute les deux détenteurs de passeports syriens, y ont combattu. Les frères Abdeslam ont semblé songer à s'y rendre, sans qu'un séjour n'ait été établi.