Un mineur hospitalisé après une crise d'angoisse, un deuxième nostalgique du fond de la mine, d'autres ne résistant pas à l'alcool: le retour à la surface a un goût amer pour les 33 miraculés de la mine chilienne sauvés le 13 octobre lors d'une opération spectaculaire.

Le mineur Edison Pena a été hospitalisé mercredi à Copiapo (nord), à 50 km de la mine d'or et de cuivre de San José au fond de laquelle les mineurs ont été bloqués pendant 69 jours.

Il est sorti vendredi, après avoir fait une crise de panique, victime de la surexposition médiatique et d'une activité incessante menée depuis sa sortie.

Edison Pena, 34 ans, «présentait des signes cliniques d'angoisse sévère et nous avons jugé nécessaire de le mettre sous sédatifs», a dit au journal La Tercera Jorge Diaz, médecin de l'Association chilienne de Sécurité qui suit les mineurs.

Au fond de la mine, le mineur avait déjà exprimé ses difficultés à supporter le confinement dans ses lettres à sa famille.

«Une crise d'angoisse était absolument prévisible (...) on leur avait dit qu'ils allaient vivre des moments très émouvants, que des peurs et des rêves allaient faire leur apparition», a dit à l'AFP le chef des psychologues chargés des 33, Alberto Iturra.

Edison Pena est le premier à retourner à l'hôpital après l'opération de secours, qui a été couverte par des centaines de journalistes du monde entier.

La majorité des mineurs ont pu quitter l'hôpital 48 heures après leur admission, sauf deux qui sont restés un peu plus longtemps, l'un pour un problème dentaire, l'autre pour des vertiges.

«Il y en a certains qui n'auraient pas dû sortir, ils sont dans une situation sérieuse, très sérieuse, d'un point de vue psychologique», a estimé l'avocat Edgardo Reinoso, représentant la majorité des mineurs. «En les voyant, en discutant avec eux, il y en a qui ne vont pas bien», a-t-il ajouté.

Les médecins ont recommandé aux 33 de se reposer au moins quinze jours, une consigne que la plupart n'ont pas respectée en raison des multiples célébrations et sollicitations des médias dont ils ont été l'objet pour qu'ils racontent leur histoire.

Certains se sont plaints à plusieurs reprises des médias, et l'un a même dit regretter les profondeurs de la mine, excédé par les flashs des photographes.

«Parfois, je pense que j'étais bien mieux à l'intérieur de la mine, parce que toute cette situation me rend très nerveux et je ne peux pas dormir correctement», a déclaré Omar Reygadas, 56 ans, au journal chilien el Mercurio.

«Le harcèlement de la presse nationale et étrangère a été suffisant. Je ne suis qu'un mineur. Cette histoire de la célébrité n'est pas pour moi. S'il vous plaît, aidez-moi», a déclaré pour sa part Mario Sepulveda, considéré comme l'animateur du groupe.

Edison Pena avait éclaté en sanglots en évoquant son expérience dans une émission à la télévision chilienne.

Par ailleurs, cinq à six de ses compagnons ont consommé trop d'alcool après leur sortie, ont jugé les médecins.

«Nous parlons d'environ cinq à six personnes qui ont eu des problèmes de gestion de l'alcool, notamment lors des dernières célébrations qui n'ont pas aidé à (améliorer) l'état de santé des travailleurs», a expliqué le Dr Diaz.

Pour le psychologue Iturra, «après avoir été dans un état d'abstinence absolue pendant deux mois, toute consommation d'alcool peut être très violente. «Ils ont été soumis à des invitations où il y a de l'alcool», a-t-il ajouté.

Les mineurs seront suivis jusqu'à ce qu'ils aillent mieux.