Leur libération prendra encore un mois ou plus, mais les secouristes planifient activement la sortie des 33 mineurs bloqués à 700 m de fond au Chili, jusque dans leur ordre de remontée: «D'abord les plus habiles, puis les plus faibles, en dernier les plus forts».

Il ne s'agit ni d'un ordre arbitraire ni d'une loi de la mine, mais d'une technique universelle de secours, explique à l'AFP le Dr Jorge Diaz, membre de l'équipe médicale en surface, à propos des préparatifs de sauvetage des hommes piégés depuis sept semaines au fond de la mine San Jose (nord).

«C'est un modèle théorique qui s'utilise dans tous les systèmes de secours, une manière de résoudre le problème», ajoute Diaz, tout en reconnaissant que le cas des mineurs est «particulier».

Aussi ingénieurs, médecins et psychologues «travaillent sur des protocoles très stricts» pour déterminer l'état physique, psychologique et les aptitudes des 33 mineurs de San José (nord), précise à l'AFP Alberto Iturra, responsable de l'équipe de psychologues.

En parallèle les 33 sont soumis à une gymnastique quotidienne dans leur tronçon de galerie, sous la houlette d'un médecin sportif: un peu de trot et de résistance musculaire.

Et bientôt, ils effectueront un exercice inspiré de l'entraînement de pilotes de chasse pour travailler la circulation du sang.

Car pour les 33, il s'agira d'une remontée sportive, enserrés dans une cage-nacelle métallique en partie grillagée de 2,50 m de long et 55 cm de diamètre, treuillée vers la surface.

Ils disposeront de réserves en air, en eau et en nourriture, d'une communication permanente et d'un autopilotage si besoin.

Chaque remontée pourrait prendre entre une heure et une heure et demie.

Les «habiles», expliquent les secouristes, sont les mineurs qui pourraient réagir le mieux à un quelconque type de problème lors de la remontée alors que le système se rodera encore.

Les «faibles» sont a priori les plus âgés parmi les 33, qui ont entre 19 et 64 ans, ceux qui pourraient présenter un problème de santé.

Et les plus «forts» sont les plus à même de supporter les dernières heures ou jours d'attente, au fond de la mine.

Mais l'ordre n'est pas fixé, et ne le sera pas jusqu'au jour de la remontée. Parce que l'évaluation est permanente et que «nous avons tous des jours bien et des jours moins bien», explique le Dr Iturra.

«Tant de facteurs entrent en ligne de compte qu'on ne peut rien savoir à l'avance», ajoute-t-il. «beaucoup dépendra de ce qui se passera ce jour-là avec telle ou telle personne».

Seule certitude: «le dernier à partir est toujours le capitaine», souligne Diaz, ce qui semblerait désigner Luis Urzua, 54 ans, chef de tour des mineurs lorsque survint l'éboulement, le 5 août. Mais aucun nom n'a été spécifié.

Désigner qui sortira avant qui est «un thème complexe. Mais ce que nous avons est une méthode claire», résume Diaz.

En outre pour les psychologues, il y aura paradoxalement beaucoup à gérer en surface aussi, avec un «pic» d'anxiété prévisible chez tous, dans ces dernières heures des secours, début novembre selon l'échéancier des autorités.

«Il faudra d'abord gérer l'anxiété des familles, des secouristes, de nous-mêmes, il faudra prendre grand soin de se focaliser sur l'objectif central qu'est la remontée» des mineurs, souligne le Dr Iturra.

«Il faut se "laver" des charges émotionnelles, il faut abaisser cela, mettre de l'ordre, et être le plus clair possible pour le moment du contact» avec le mineur, précise-t-il.