Des milliers de personnes se sont massées à Ground Zero, dimanche, pour commémorer le 10e anniversaire des attentats du 11-Septembre. L'ex-président George W.Bush et son successeur Barack Obama étaient présents à cette cérémonie empreinte d'émotion, qui s'est néanmoins déroulée sous la tension d'une menace terroriste révélée il y a quelques jours.

Barack Obama et George W. Bush avaient déjà quitté Ground Zero quand les familles des victimes ont égrené leurs souvenirs.

Les deux présidents, par leur présence commune, ont tenté d'illustrer l'unité des Américains à l'occasion du 10e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, une tragédie qui a transformé leur pays.

Le président démocrate a d'abord cité un psaume biblique après que le maire de New York, Michael Bloomberg, eut invité la foule à observer un moment de silence à 8h46, heure où le premier avion a percuté une des tours jumelles du World Trade Center.

«Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans la détresse», a déclaré le chef de la Maison-Blanche, s'exprimant sous un ciel bleu rappelant celui de ce funeste matin de 2001.

Après un deuxième moment de silence à 9h03, heure marquant l'impact du deuxième avion contre l'autre tour du World Trade Center, George W. Bush a lu une lettre d'Abraham Lincoln adressée à une mère ayant perdu cinq fils durant la guerre de Sécession.

«Je prie pour que Notre Père qui est au ciel apaise la douleur de votre affliction et vous laisse seulement le tendre souvenir de vos chers disparus, et la fierté bien fondée et solennelle d'avoir offert un si précieux sacrifice sur l'autel de la Liberté», a récité le 43e président.

La foule l'a applaudi dès son apparition derrière le micro, lui réservant un accueil auquel son successeur n'a pas eu droit.

Peu après, les deux hommes et leurs femmes se sont éclipsés. Ils n'étaient donc plus là lorsque Nicholas Gorki a lu le nom de son père, une des 2749 victimes du 11-Septembre à New York, un homme que «je n'ai jamais rencontré parce que j'étais dans le ventre de ma mère», a précisé le garçon.

«Je t'aime, Père, a-t-il ajouté. Tu m'as donné la vie et j'aurais souhaité que tu sois ici pour en jouir avec moi.»

La lecture des noms des victimes a toujours été un des rituels les plus émouvants des cérémonies de commémoration du 11-Septembre. Mais cette émotion a été portée à son comble, dimanche, par la participation d'enfants qui n'étaient pas nés ou qui en étaient encore à leurs balbutiements lorsque les tours jumelles se sont effondrées.

«Tu seras toujours mon héroïne», a déclaré Patricia Smith, 12 ans, après avoir lu le nom de sa mère, Moira Smith, une policière.

Autre grand moment d'émotion, dimanche: l'ouverture du mémorial du 11-Septembre, qui a permis aux familles de caresser les noms des victimes gravés sur les margelles de deux immenses bassins creusés dans les empreintes des tours jumelles.

«Rien ne peut briser la volonté des États-Unis»

À son arrivée à Ground Zero, Barack Obama s'est recueilli au côté de son prédécesseur devant un de ces bassins agrémentés de cascades intérieures. Le président est, plus tard, allé participer à des cérémonies à Shanksville, en Pennsylvanie, et au Pentagone, les deux autres endroits où des avions détournés par des pirates de l'air se sont écrasés il y a 10 ans. Et en soirée, lors d'un «concert pour l'espoir» au Kennedy Center, Barack Obama a évoqué la réaction qu'auront les Américains «dans des décennies» en visitant les monuments à la mémoire des victimes du 11-Septembre.

«Ils sauront que rien ne peut briser la volonté des États-Unis lorsqu'ils sont vraiment unis. Ils se souviendront que nous avons triomphé de l'esclavage et de la guerre de Sécession, des récessions et des émeutes, du communisme et, oui, du terrorisme», a-t-il déclaré.

«Ils se souviendront du fait que nous ne sommes pas parfaits, mais que notre démocratie est solide, et que la démocratie, qui reflète l'imperfection de l'homme, nous donne aussi l'occasion de parfaire notre union.»

«Ces 10 dernières années racontent une histoire de rebond, a encore dit le président. Le Pentagone est réparé et rempli de patriotes travaillant avec le même but. Shanksville est le théâtre d'amitiés nouées entre les habitants de ce village et les familles de ceux qui y ont perdu des êtres chers. New York reste une capitale des arts et de l'industrie, de la mode et du commerce.»

Marquée par l'émotion et le recueillement, la commémoration du 11-Septembre n'a pas été dénuée de tension. L'administration Obama a en effet continué à prendre au sérieux les informations non confirmées voulant qu'Al-Qaïda soit en train de préparer un attentat terroriste aux États-Unis pour l'anniversaire des attentats du réseau terroriste.

«Encore une fois, ce n'est pas confirmé, mais le président veut s'assurer que nous ne laisserons rien au hasard», a déclaré le conseiller de la Maison-Blanche en matière de lutte contre le terrorisme, John Brennan, sur CBS et Fox News. «Et c'est ce que font les services de renseignements, les agences chargées de l'application de la loi et les responsables de la sécurité nationale.»

Les informations que les autorités américaines ont reçues faisaient état d'un projet d'Al-Qaïda d'envoyer trois hommes aux États-Unis pour une mission visant à faire exploser une voiture piégée à Washington ou à New York. Aucune preuve d'un tel complot n'a cependant été obtenue.