La nouvelle approche à adopter pour le Canada dans sa réponse à la crise des réfugiés qui sévit en Europe et au Moyen-Orient pourrait être d'envoyer des équipes de fonctionnaires et du personnel de sécurité dans les deux pays qui accueillent le plus de réfugiés syriens, la Jordanie et le Liban.

Les responsables gouvernementaux ne discutent pas publiquement des sujets au coeur des interminables réunions qui se sont déroulées cette semaine, mais l'appui direct aux deux principaux pays hôtes est probablement dans la ligne de mire.

La situation est particulièrement catastrophique au Liban, un pays avec lequel le Canada a des liens forts, car il accueille une diaspora libanaise nombreuse.

Le Liban abrite actuellement 1,4 million de Syriens, soit presque un réfugié pour quatre citoyens, ce qui exerce une pression considérable sur ses ressources.

Les Nations unies ont rapporté que 40 pour cent des réfugiés syriens au Liban sont âgés de moins de 11 ans, et que les circonstances économiques forcent plusieurs d'entre eux à mendier de la nourriture dans la rue ou à se marier très jeunes.

Le Liban, qui compte un grand nombre de chrétiens, est également devenu un refuge pour les gens de cette confession qui fuient les djihadistes en Irak et en Syrie. Et si le gouvernement libanais a tenté de stopper l'accueil de nouveaux réfugiés au cours des derniers mois, il a fait de nombreuses exceptions pour les Assyriens, particulièrement depuis que ceux-ci sont devenus une cible directe du groupe armé État islamique.

Au Canada, le gouvernement priorise deux groupes spécifiques de réfugiés en vue d'une relocalisation: les enfants vulnérables et les minorités religieuses, qui demeurent une priorité, a rappelé cette semaine le premier ministre Stephen Harper.

«Nous allons prendre des mesures concrètes pour accélérer le processus, pour s'assurer qu'il aille de l'avant plus rapidement et plus efficacement qu'il ne le fait aujourd'hui, mais d'une manière qui protège notre sécurité, et qui s'assure que nous priorisons les bonnes personnes, celles qui sont les plus vulnérables, et les véritables réfugiés», a-t-il dit.

«Nous allons faire savoir aux gens, aussitôt qu'il sera responsable de le faire, quels sont nos plans», a ajouté le premier ministre.

Sur la question de la sécurité, M. Harper a un allié de taille dans la région, l'ambassadeur du Canada en Jordanie, Bruno Saccomanni. Cet ancien agent de la Gendarmerie royale du Canada, qui a déjà dirigé l'équipe de protection personnelle du premier ministre, pourrait aider à accélérer une partie du processus, surtout qu'il a déjà travaillé à la division des passeports et de l'immigration de la GRC, responsable des enquêtes au Liban et en Jordanie.

Le gouvernement canadien a remis près de 300 millions $ en aide directe à la Jordanie jusqu'à maintenant pour l'aider à gérer les impacts de l'accueil de plus de 630 000 réfugiés sur son territoire. La plupart sont logés dans d'immenses camps, et M. Harper a annoncé une partie de l'aide canadienne à la suite de sa visite dans l'un d'eux l'an dernier.

L'augmentation de l'appui et de l'aide bilatérale devra être un facteur clé de n'importe quel nouveau plan du gouvernement canadien, selon le dernier ambassadeur du Canada en poste en Syrie à la fermeture de l'ambassade en 2012, Glenn Davidson. Car même si la communauté internationale accueillait 200 000 réfugiés, 3,8 millions d'autres ont toujours besoin d'aide, a-t-il rappelé.