La qualité des informations fournies par le Canadien Omar Khadr à ses interrogateurs figure au nombre des raisons citées par le département de la Défense américain pour prolonger sa détention à Guantánamo.

«Le détenu continue de fournir des informations précieuses sur les partenaires de son père», peut-on notamment lire dans un des documents confidentiels rendus publics par le site WikiLeaks hier et décrivant l'histoire de plus de 750 personnes passées depuis 2002 dans la prison militaire située dans l'île de Cuba.

Selon le document du Pentagone datant de janvier 2004, Khadr a également communiqué des renseignements utiles sur des membres d'Al-Qaïda, des organisations non gouvernementales affiliées au groupe terroriste et des camps de formation en Afghanistan.

«Le détenu a généralement été coopératif et avenant», a écrit le signataire de cette note, le général Geoffrey Miller, tout en soulignant que le Canadien restait dévoué à «des valeurs extrémistes».

Un père haut placé

Le père du détenu, Ahmed Saïd Khadr, est décrit par le général américain comme «un financier important d'Al-Qaïda et vraisemblablement le quatrième (homme) aux commandes sous Oussama ben Laden», une description inédite.

La publication de ce document jette un nouvel éclairage sur le rôle d'«informateur» joué par Omar Khadr auprès des services de renseignement américains. Le jeune Canadien, qui avait 15 ans au moment de sa capture en Afghanistan, s'est plaint à plusieurs reprises d'avoir été contraint à faire des aveux sous la torture et la menace.

Selon le document du Pentagone, il a notamment admis «avoir lancé la grenade qui a tué un soldat américain» en Afghanistan en juillet 2002.

Omar Khadr a été condamné en octobre dernier par un tribunal militaire d'exception à 40 ans de prison pour «crimes de guerre», dont meurtre, complot, soutien matériel au terrorisme et espionnage. Un plaidoyer de culpabilité a réduit sa détention à huit années, dont une autre à Guantánamo et le reste au Canada.

Une «menace»

En 2004, le général Miller estimait que la détention de Khadr à Guantánamo devait se poursuivre parce qu'il représentait une menace «pour les États-Unis, leurs intérêts ou leurs alliés».

Plusieurs journaux internationaux ont publié hier des dossiers après avoir eu accès aux documents confidentiels obtenus par WikiLeaks. Ceux-ci mettent en relief la nature arbitraire du système de justice mis en place à Guantánamo par l'administration Bush dans le cadre de sa «guerre contre le terrorisme».

Selon une analyse du New York Times, environ 200 détenus définis comme à «haut risque» ont été libérés ou extradés vers des pays tiers, alors que près de 150 personnes ont été retenues à Guantánamo pendant des années malgré leur innocence.

La prison de Guantánamo abrite actuellement 172 détenus, dont 33 pourraient être jugés pour «crimes de guerre». Environ 48 détenus pourraient rester indéfiniment derrière les barreaux sans procès. Les autres pourraient être rapatriés ou extradés vers des pays tiers.

L'administration Obama, qui a manqué à sa promesse de fermer Guantánamo, a dénoncé la publication des documents confidentiels.