L'Américaine Sarah Shourd a retrouvé sa mère hier à Oman, où elle a célébré sa libération sous caution par l'Iran après plus d'un an de détention.

Ces retrouvailles émouvantes ont cependant été assombries par le refus des autorités iraniennes de relâcher deux autres Américains arrêtés en même temps que la jeune femme de 32 ans. Ceux-ci resteront en prison jusqu'à leur procès pour «espionnage», dont la date n'a pas été fixée.

«Je déploierai tous mes efforts pour assurer la libération de mes amis, car je ne peux pas jouir de ma liberté sans eux», a déclaré Sarah Shourd aux journalistes à son arrivée à l'aéroport de Mescate, capital omanaise.

«Ils ne méritent pas de rester encore en prison», a-t-elle ajouté.

Sarah Shourd, son fiancé Shane Bauer et leur ami Josh Fattal, tous deux âgés de 28 ans, ont été arrêtés le 31 juillet 2009 près de la frontière avec le Kurdistan irakien. Ils ont affirmé avoir pénétré par mégarde en territoire iranien lors d'une randonnée pédestre dans cette région montagneuse.

Refusant de croire à la version des Américains, le procureur de Téhéran Abbas Jafari Dolatabadi a continué hier de les qualifier d'«espions». Il a indiqué que Sarah Shourd avait été libérée après le versement d'une caution de 500 000$ à la banque d'État iranienne Bank Melli, à Oman.

Les autorités iraniennes avaient annoncé la semaine dernière l'élargissement de l'Américaine, disant agir au nom de la «compassion islamique». Les divisions au sein du régime islamique auraient cependant contribué à retarder le jour de la libération.

Cancéreuse?

Après une détention de 410 jours, l'état de santé de Sarah Shourd suscite l'inquiétude. Selon sa mère Nora, la jeune femme a notamment découvert une bosse sur un de ses seins il y a quelques mois. Avant son arrestation, un examen de son col utérin avait déjà permis d'y détecter des lésions précancéreuses.

«Sarah a eu une longue et difficile détention et je vais m'assurer qu'elle recevra les soins et l'attention dont elle a besoin, ainsi que le temps et l'espace pour guérir», a déclaré Nora Shourd dans un communiqué.

Barack Obama s'est dit «très heureux» de la libération de l'Américaine, mais a appelé les autorités iraniennes à relâcher ses deux compagnons.

«Nous espérons toujours que l'Iran fera encore preuve de compassion pour assurer le retour de Shane, Josh et de tous les autres Américains portés disparus ou prisonniers en Iran», a-t-il dit dans un communiqué.

Selon leurs proches, Sarah Shourd et Shane Bauer vivaient à Damas, capitale de la Syrie, avant de mettre à profit une semaine de vacances pour aller faire de la randonnée avec un de leurs amis environnementalistes dans le Kurdistan irakien. Sarah Shourd enseignait l'anglais à des réfugiés irakiens tout en apprenant l'arabe, alors que son fiancé pratiquait le journalisme dans la région pour le compte de médias de gauche, dont les revues américaines The Nation et Mother Jones. Dans leurs écrits, Shourd et Bauer avaient souvent condamné la politique des États-Unis au Moyen-Orient. Ils jouissaient de l'appui de plusieurs personnalités, dont Noam Chomsky et Desmond Tutu.

Photo AFP

Sarah Shourd.