Où est Julian Assange? C'est une question que se posent souvent les collaborateurs du cofondateur de WikiLeaks, un Australien de 39 ans sans domicile fixe ou résidence connue.

Depuis l'arrestation de Bradley Manning, le soldat soupçonné d'avoir refilé au site internet quelque 260 000 câbles diplomatiques confidentiels, c'est aussi ce que les enquêteurs du Pentagone tentent de déterminer. «Nous voudrions savoir où il est; nous aimerions avoir sa coopération dans cette affaire», a confié un responsable américain au journaliste d'enquête Philip Shenon.

Bonne chance. Tout apôtre de la transparence qu'il soit, Julian Assange entoure ses déplacements du plus grand secret, vivant une existence de nomade qui le mène, au gré des projets de WikiLeaks, dans des pays comme l'Islande, le Kenya et les États-Unis, entre autres. L'ancien hacker, dont un des premiers coups d'éclat aura été de s'introduire dans le système informatique de Nortel, en septembre 1991, semble avoir renoncé à une vie normale pour accomplir sa mission.

«Je le vois comme quelqu'un qui est absolument dévoué à un objectif très complexe, celui de la liberté d'information», dit Lisa Lynch, professeure de journalisme à l'Université Concordia, qui étudie WikiLeaks depuis les débuts du site.

«Je suis souvent estomaquée par la naïveté des militants du mouvement de transparence concernant les obstacles structurels auxquels ils font face. Julian n'est pas naïf. Dans ce sens, il est essentiel. Il comprend très bien ce qu'il faut faire pour apporter les changements auxquels il croit.»

En diffusant la vidéo controversée sur la bavure de l'armée américaine en Irak, Julian Assange a déclaré avoir voulu montrer «ce à quoi ressemble vraiment la guerre moderne» avec «un impact politique maximum».

Quelques semaines auparavant, WikiLeaks avait diffusé un document de 32 pages, élaboré par le service de contre-espionnage de l'armée américaine, concluant que le site représentait une «menace potentielle»... pour l'armée américaine.