(San Salvador) Le président du Salvador, Nayib Bukele, 42 ans, populaire pour son offensive contre les gangs, mais critiqué pour ses penchants autoritaires a officialisé jeudi soir sa candidature pour un nouveau mandat présidentiel de cinq ans au scrutin du 4 février.  

Entouré d’un fort service de sécurité et accompagné de son co-équipier, le candidat à la vice-présidence Félix Ulloa, M. Bukele s’est rendu jeudi soir au Tribunal suprême électoral (TSE) à San Salvador où des dizaines de ses partisans scandaient « Nayib ! » et « réélection ! », ont constaté des journalistes de l’AFP.

Élu en 2019, M. Bukele contrôle depuis 2021 le Congrès unicaméral avec ses alliés (67 des 84 sièges), une situation inédite depuis les accords de paix de 1992 qui ont mis fin à douze années de guerre civile.

Elle lui a permis en mai 2021 de remplacer cinq juges de la Cour suprême après des destitutions qualifiées de « coup d’État » par l’opposition et qui ont suscité un tollé international, notamment aux États-Unis.

En septembre 2021, la Cour suprême du Salvador, avec ses nouveaux magistrats, a autorisé M. Bukele à briguer un nouveau mandat de cinq ans en 2024, réinterprétant la Constitution du pays en vertu de laquelle il était jusqu’à présent admis qu’un chef d’État ne puisse pas être immédiatement réélu.

Le jeune président, coutumier des réseaux sociaux, est le plus populaire d’Amérique latine, selon le rapport 2023 de l’ONG Latinobarómetro, publié en juillet.

M. Bukele a gagné sa popularité en affichant sa volonté de lutter contre l’insécurité et le crime organisé. Toutefois, le régime d’exception imposé pour ce faire depuis mars 2022 et ses penchants autoritaires lui valent des critiques véhémentes de ses opposants.

Son pari d’adopter le bitcoin comme monnaie légale pour relancer l’économie ne convainc pas les Salvadoriens pour le moment. Le petit pays d’Amérique centrale était devenu en septembre 2021 le premier au monde à l’adopter comme monnaie légale, parallèlement au dollar.

Face aux critiques, M. Bukele s’appuie sur ses scores dans les sondages pour ironiser en assurant qu’il sera « le dictateur le plus cool du monde ».

Selon un sondage de l’Université Francisco Gavidia, M. Bukele obtenait en août 68,4 % des intentions de vote, loin des 4,3 % de l’Arena (Alliance républicaine nationaliste, droite) et des 2,8 % du FMLN (Front Farabundo Marti pour la libération nationale, gauche).

Sa victoire en 2019 avec son parti Nuevas Ideas (NI) avait mis fin à trois décennies d’alternance au pouvoir du FMLN et de l’Arena, les deux principaux partis en place depuis la fin de la guerre civile en 1992.