(Brasilia) La situation environnementale au Brésil est « bien pire que ce que nous imaginions », affirme Marina Silva, la nouvelle ministre de l’Environnement, pour qui la préservation de l’Amazonie ne pourra se faire qu’avec la coopération des pays étrangers.

Le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a nommé au gouvernement cette figure emblématique de l’écologie, signifiant la priorité que Brasilia accorderait à la planète, après quatre ans de mandat de Jair Bolsonaro marqués par une déforestation record de l’Amazonie notamment et un flot de critiques internationales.

« La réalité est bien pire que ce que nous imaginions », assure dans un entretien lundi soir la ministre noire née au cœur de l’Amazonie il y a 64 ans. « Nous allons devoir fournir un gros effort », car ce ministère « a été grandement démantelé », avance-t-elle, trois semaines après sa prise de fonction.

Lula « a placé l’environnement tout en haut des priorités du gouvernement », assure la ministre, « en accord avec ce qui se passe ailleurs dans le monde ».

L’objectif d’une déforestation zéro au Brésil d’ici à 2030 montre cet engagement, dit Mme Silva. « Le chemin ne sera pas facile […], mais nous allons essayer de rattraper le temps perdu ».

Investissements

Au sein du gouvernement de Lula, 17 ministères vont être impliqués dans les politiques environnementales.  

En ce qui concerne la lutte contre la déforestation, les objectifs ne doivent pas seulement s’énoncer en chiffres, dit la ministre, mais « nous devons convaincre que ce n’est pas une bonne chose de détruire la forêt ».

« Nous allons investir dans les biotechnologies, le tourisme, l’agriculture à faible émission carbone et dans d’autres sources de revenus », dit Marina Silva, « notre but est de reprendre les actions de prévention et le combat contre la déforestation ».

Mais la ministre ne promet pas un Brésil « vert » en quatre années de gestion de gauche. « Nous allons voir ce qui est réalisable en ce court espace de temps. Seuls les gouvernements populistes peuvent assurer qu’ils vont régler des problèmes de cette ampleur en quatre ans ».

« Nous espérons arriver à la COP30 en 2025 comme un pays qui remplit ses devoirs », ajoute-t-elle, au sujet de la conférence de l’ONU sur le climat que le Brésil propose d’accueillir à Belem, dans le nord du pays, aux portes de l’Amazonie.

Mais Brasilia ne pourra pas faire de miracles sans aide internationale, a averti celle qui fut déjà ministre de l’Environnement des précédents mandats de Lula (2003-2010), mais avait claqué la porte en 2008 pour protester contre le manque de moyens.  

La ministre s’est félicitée de la réactivation et de l’augmentation du Fonds Amazonie, dont les principaux contributeurs sont la Norvège et l’Allemagne. Il avait été gelé en raison de polémiques avec Jair Bolsonaro sur les incendies dans la plus grande forêt tropicale du monde.

« Nous sommes en discussions avec le Royaume-Uni, la France, l’Espagne et de nombreux autres pays qui peuvent abonder le Fonds Amazonie. Nous ne voulons pas que ce soit seulement l’Allemagne et la Norvège ».

« Vivre dans la dignité »

Outre avec les gouvernements, les discussions sont également bien avancées avec des entreprises et des organisations philanthropiques, assure Marina Silva. Mais il va falloir plus d’efforts de la part de la communauté internationale.

« Cette collaboration avec les pays développés doit se traduire aussi par l’ouverture des marchés à nos produits durables », dit la ministre, afin que « ce qui est produit de manière légale puisse être une source de revenus pour les 25 millions d’habitants de l’Amazonie ».  

« Nous devons garantir à ces populations de vivre dans la dignité », explique-t-elle, ajoutant que l’engagement à lutter contre la commercialisation de l’or et du bois produits illégalement doit être multilatéral.

De même, « si les pays développés ne réduisent pas eux aussi les émissions de dioxyde de carbone, l’Amazonie sera détruite ».