(La Havane) Une dizaine de candidats cubains à l’émigration voyageant à bord d’une embarcation précaire ont été interceptés lundi par les garde-frontières, devant l’emblématique promenade du Malecon, sous les yeux de touristes et de curieux, et non loin de l’ambassade américaine.  

L’embarcation de couleur bleue avec un drapeau des États-Unis peint sur un côté était à la dérive devant la célèbre promenade lorsqu’elle a été interceptée par un navire militaire et deux bateaux des garde-frontières qui l’ont escortée avant de secourir ses occupants.

Sur le Malecon, des touristes et des curieux ont pris des photos de la scène, inhabituelle dans cette zone de la Havane. Les candidats à l’émigration clandestine partent le plus souvent depuis des plages isolées dans la banlieue de la capitale ou depuis de petits villages en province.  

Le navire militaire a remorqué l’embarcation et conduit ses occupants à un poste de la capitainerie du port, à environ trois kilomètres de là. L’émigration par voie maritime est officiellement interdite sur l’île.  

Joel Anival, un chauffeur de 25 ans qui passait en vélo sur le Malecon a raconté qu’il avait secouru deux migrants qui avaient nagé jusqu’à la côte.  

« Je me suis rendu compte qu’il y avait une embarcation qui n’était pas de pêcheurs […], j’ai compris qu’il s’agissait d’une fuite illégale vers les États-Unis et j’ai vu deux personnes sauter à la mer », a-t-il détaillé.  

« Je les ai aidés à monter (sur la berge), ils ont été arrêtés par la police », a-t-il ajouté, indiquant que les deux jeunes hommes, âgés d’une vingtaine d’années, lui avaient confié avoir quitté la côte à l’aube depuis une banlieue ouest de La Havane, « mais que le bateau est tombé en panne, le moteur a commencé à fumer et s’est arrêté puis le courant les a entraînés ici ».

Près de 3000 Cubains ont été interceptés en mer par les garde-côtes des États-Unis puis rapatriés en un peu plus de deux mois, selon les autorités américaines. En un an, un total de 6182 candidats à l’émigration par voie maritime ont été rapatriés, selon la même source.  

« Les choses vont mal, les jeunes n’ont pas de vie (ici). Ils partent à la recherche d’une vie meilleure », a commenté Eliécer Pérez, un mécanicien de 52 ans, qui passait sur le Malecon.  

Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies en raison des conséquences de la pandémie sur le tourisme, des faiblesses structurelles de l’économie et du durcissement de l’embargo américain sous le mandat du président Donald Trump (2017-2021) que son successeur Joe Biden n’a guère assoupli.  

En un an, 224 000 Cubains, un record, sont entrés irrégulièrement aux États-Unis, selon les données publiées en octobre par les autorités américaines. La majorité tente de rallier ce pays par voie terrestre via l’Amérique centrale.