(Rio de Janeiro) Les deux aspirants à la fonction suprême au Brésil, Lula, favori des sondages, et le président sortant Jair Bolsonaro, se retrouvent face-à-face une dernière fois vendredi soir pour un débat télévisé potentiellement décisif, à deux jours du second tour.

Ce débat sur TV Globo, la chaîne la plus regardée du pays, est attendu comme le point d’orgue d’une campagne souvent ordurière, pleine de coups bas et de désinformation massive sur les réseaux sociaux.

Luiz Inacio Lula da Silva, qui a célébré ses 77 ans jeudi,  a légèrement augmenté son avance dans le dernier sondage de l’institut de référence Datafolha, publié jeudi, avec 53 % des intentions de vote exprimées, contre 47 % pour le président d’extrême droite.

Un écart de six points, qui n’était que de quatre points la semaine dernière.

Fort de cet avantage, et si les sondages disent vrai, « Lula peut se contenter de jouer pour le match nul, alors que Bolsonaro doit gagner par plusieurs buts d’écart » lors du débat de ce vendredi, a estimé le chroniqueur politique Josias de Souza sur le site d’informations UOL.

« La seule chose qui peut renverser la vapeur est le débat télévisé, 55 % des électeurs disent que c’est un moment important pour leur prise de décision. Le moindre dérapage peut être déterminant pour le résultat final », dit à l’AFP Felipe Nunes, politologue et directeur de l’institut de sondage Quaest.

Lors du seul autre face-à-face entre Lula et Bolsonaro, le 16 octobre, sur la chaîne Bandeirantes, les échanges avaient été moins agressifs qu’auparavant. Lors des débats d’avant le premier tour, réunissant d’autres candidats, les propos haineux avaient fusé de part et d’autre.

Au premier tour, le 2 octobre, Lula est arrivé en tête avec 48 % des voix, contre 43 % pour Jair Bolsonaro.

Mais le score du président d’extrême droite s’est révélé bien plus élevé que ce que prédisaient les sondages, lui donnant un certain élan pour la campagne de l’entre deux tours.

Deux couacs

Cet élan a toutefois été freiné par deux couacs majeurs : des déclarations malvenues du ministre de l’Économie Paulo Guedes, indiquant que l’augmentation du salaire minimum pourrait ne plus être indexée sur l’inflation, et l’interpellation rocambolesque d’un ex-député bolsonariste ayant blessé des policiers à la grenade.

Se sentant acculé, le président Bolsonaro, qui avait mis en sourdine ses critiques sur le système d’urnes électroniques, a trouvé un nouveau cheval de bataille cette semaine : la dénonciation d’irrégularités présumées dans la diffusion de propagande électorale à la radio.

Le Tribunal supérieur électoral (TSE) a rejeté la requête de l’équipe de campagne du chef de l’État, arguant qu’aucune preuve n’avait été présentée, ce qui pourrait constituer un « délit électoral » et une tentative de « déstabilisation du second tour ».

Selon les experts, M. Bolsonaro prépare le terrain pour contester le résultat en cas de défaite, alimentant les craintes d’incidents violents, à l’image de l’invasion du Capitole à Washington après la défaite de Donald Trump à la présidentielle américaine, en janvier 2021.