(Agujita) Le président du Mexique a parlé samedi d’un « jour décisif » dans les opérations de sauvetage des dix mineurs coincés sous terre depuis trois jours après l’effondrement et l’inondation de trois puits de charbon dans le nord-est du pays.

« Aujourd’hui est un jour décisif parce que, selon les techniciens, on saura s’il y a la possibilité que les plongeurs puissent entrer sans risque » dans la mine, a expliqué Andres Manuel Lopez Obrador sur son compte Twitter.

« On continue de travailler jour et nuit », a-t-il ajouté. « L’inondation est le principal problème, même si les équipes de pompage sont en nombre suffisant ».

Samedi en fin de journée à 18 h (23 h GMT), aucune nouvelle information n’avait cependant filtrée. Les familles et la presse étaient toujours tenues à l’écart de la zone des opérations de secours à Agujita dans la commune de Las Sabinas (État de Coahuila).

Le témoignage des cinq mineurs sauvés dès mercredi a été entendu par la justice. « Il semble qu’ils aient été expulsés (de la mine) par un torrent d’eau », a indiqué le procureur de l’État du Coahuila.

« Nous avons demandé une série d’informations au propriétaire et au titulaire de la concession », a-t-il ajouté devant la presse, sans donner de nom.

Les trois puits de charbon ont été inondés sur 34 mètres, a précisé la protection civile, selon qui le pompage a permis de réduire le niveau d’eau de quatre mètres.

Au total, 19 pompes drainent 60 litres d’eau par seconde en moyenne, d’après le gouvernement local de Coahuila. 383 personnes sont mobilisées pour ces opérations de sauvetage, selon le gouvernement.

« Maintenant nous pouvons voir que beaucoup d’eau est sortie », a déclaré la belle-mère d’un mineur, Elva Hernandez Galan. « Nous espérons toujours qu’ils sont dans une partie plus élevée (du puits) ».

L’eau pompée est évacuée et ne retourne pas à la mine, d’après la ministre régionale du Travail, Nazira Zogbi Castro, qui s’inquiète cependant d’une possible infiltration d’eau depuis une autre mine voisine.

Elle a ajouté qu’une « société française » avait mis à disposition du « matériel » pour aider les secours, sans autre explication.

Le ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard a remercié l’ONG américaine Direct Relief pour « le don d’une tonne d’équipements de première urgence ».

Mineurs de père en fils

L’accident est survenu mercredi vers 13 h 30, quand les mineurs ont trouvé, en creusant, une zone pleine d’eau dont l’effondrement a provoqué l’inondation.

Il s’agit d’une mine artisanale très dangereuse, d’après les experts.

Elle se trouve à 1130 km au nord de la capitale Mexico, dans l’État du Coahuila qui fournit l’intégralité de la production nationale de charbon.

Comme dans d’autres régions du monde, les hommes sont mineurs de père en fils, malgré les risques du métier.

« Mon père m’emmenait travailler là-bas (dans la mine) », confiait vendredi à l’AFP sur place Luis Armando, un ouvrier qui est allé soutenir les proches de ses collègues coincés sous terre.

« Nous avons toujours travaillé dans ce secteur et c’est très difficile de passer à autre chose », avait ajouté l’homme de 48 ans.

L’État du Coahuila a l’habitude des tragédies minières. En juin 2021, sept ouvriers sont morts après un effondrement souterrain dans la région de Múzquiz.

Et un évènement en particulier est resté gravé dans les mémoires : le 19 février 2006, 65 mineurs sont morts dans l’explosion d’une poche de gaz sous terre à Pasta de Conchos, une mine contrôlée par le conglomérat Grupo México.

Seize ans plus tard, 63 des 65 corps gisent toujours au fond de la mine.

Cela fait 16 ans que les familles « exigent des mesures » contre les accidents « et leurs appels n’ont pas été entendus », a déploré la Compagnie de Jésus, qui affirme que les Jésuites accompagnent les proches dans leur demande de justice devant les instances internationales.

En octobre 2010 au Chili, 33 ouvriers avaient pu sortir d’une mine de cuivre, profonde de presque 700 mètres, du désert d’Atacama après 69 jours sous terre et un éboulement.