(Bogota) Le président conservateur sortant de Colombie, Ivan Duque, a promis lundi une transition « transparente et efficace » avec son successeur de gauche Gustavo Petro, vainqueur la veille du second tour de la présidentielle.

« Hier, nous, Colombiens, avons exprimé nos opinions et la première chose qu’il faut reconnaître pour défendre la démocratie, c’est l’expression du peuple. Au nouveau président, j’ai exprimé mon soutien à une transition transparente et efficace », a déclaré M. Duque sur Twitter.

M. Petro, 62 ans, a été élu dimanche premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, avec 50,44 % des voix. Son adversaire, l’homme d’affaires Rodolfo Hernandez, a immédiatement reconnu sa défaite, ouvrant la voie à une alternance pacifiée dans ce pays gouverné depuis plus de 200 ans par les mêmes élites conservatrices et libérales.

Au soir de son élection, M. Petro a promis un « vrai changement » pour son pays, basé sur « la paix, la justice sociale et la justice environnementale » qui laisse « la haine et le sectarisme derrière nous ».

Le camp de M. Petro a célébré la victoire dans une grande salle de spectacle de Bogota. Des milliers de ses partisans se sont également rassemblés, sous la pluie et sans incident, sur une grande place du centre historique.

L’annonce de l’accession de Francia Marquez, la colistière de M. Petro, à la vice-présidence, première Afrodescendante à occuper cette fonction, a été accueillie dans la liesse dans sa localité d’origine de Suarez, dans le département du Cauca (sud-ouest), a constaté l’AFP.

Photo VANNESSA JIMENEZ, REUTERS

Le président conservateur sortant de Colombie, Ivan Duque

De façon plus générale, elle a été saluée dans toutes les parties du pays où vivent des populations d’origine africaine (près de 10 % de la population).

« Nous allons créer le ministère de l’Égalité », a annoncé lundi après-midi Mme Marquez sur Twitter. « L’objectif est de créer des conditions égales pour les femmes, nous sommes 52 % et nous avons eu beaucoup de difficultés », a-t-elle expliqué.

« Je viens d’un peuple et d’une région historiquement oubliés. Ma tâche est de garantir des droits à ces territoires exclus et marginalisés, de garantir des droits aux populations afrodescendantes et indigènes », a ajouté Mme Marquez.

Lundi, toute la presse colombienne titrait, à l’image du quotidien El Espectador, sur ce « changement historique », insistant sur les nombreux « défis » qui attendent le nouveau président, principalement de réunifier autour d’un « grand accord national » un pays profondément divisé.

Mise en déroute au premier tour et en plein marasme, la droite traditionnelle, par la voix de sa figure tutélaire l’ex-président Alvaro Uribe (2001-2010), a elle aussi acté la victoire de M. Petro, laissant entendre qu’elle jouerait tout son rôle d’opposition.

« Pour défendre la démocratie, il est nécessaire de la respecter. Gustavo Petro en est le président. Un seul sentiment doit nous guider : la Colombie d’abord », a tweeté M. Uribe.

« Une étape difficile de la vie nationale est sur le point de commencer et nous devons nous préparer à l’affronter avec la ténacité nécessaire pour défendre nos principes et nos valeurs », a également commenté la sénatrice Maria Fernanda Cabal, autre figure du camp de droite.

M. Petro prendra officiellement ses fonctions le 7 août.

L’un de ses proches, le sénateur Roy Barreras, a déclaré que la coalition présidentielle du « Pacte historique » allait s’atteler à la « construction de majorités parlementaires qui permettront de mener les réformes en profondeur ».

Le prochain gouvernement enverra bientôt des « signaux clairs » de son sérieux et de sa responsabilité, a ajouté M. Barreras, faisant référence au futur cabinet ministériel.