(Rio de Janeiro) L’école de samba Grande Rio a remporté le concours du Carnaval de Rio grâce à son défilé contre le « racisme religieux » au Brésil où les religions d’origine africaine sont régulièrement diabolisées par les églises évangéliques.  

Grande Rio, école de Duque de Caxias, banlieue pauvre au nord de Rio, a gagné le premier titre de son histoire en mettant en lumière Exú, divinité afro-brésilienne souvent diabolisée par les églises néo-pentecôtistes, fervents soutiens du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Avec un défilé ultra-coloré, des chars monumentaux et des danseurs aux costumes chatoyants, Grande Rio a abordé les différentes facettes d’Exú, esprit des croisements et du mouvement, responsable de la communication entre les humains et les dieux dans des religions afro-brésiliennes telles que le candomblé et l’umbanda.   

Le défilé a été conçu « pour défendre ce en quoi nous croyons, contre le racisme religieux et le processus historique qui a diabolisé Exú, et pour chanter la vie », a expliqué le directeur artistique de Grande Rio, Leandro Bora, après l’annonce mardi du triomphe de son école.  

Douze écoles se sont affrontées les 22 et 23 avril devant 70 000 personnes au Sambodrome pour ce Carnaval organisé avec deux mois de retard en raison d’une nouvelle vague de COVID-19, après l’annulation des festivités en 2021.  

À la différence des écoles de samba les plus fameuses comme Mangueira ou Portela, fondées dans les années 1920, Grande Rio a été créée en 1988 et n’avait jamais remporté le premier prix du concours.  

Parmi les six meilleures écoles distinguées cette année et qui participeront samedi au « Défilé des championnes », la quasi totalité a choisi des thèmes contre le racisme et l’intolérance religieuse, des sujets rendus plus aigus sous la présidence Bolsonaro.  

Beija-Flor, une des plus connues, a remporté le deuxième prix en mettant en avant les philosophes et les penseurs noirs. Vila Isabel, arrivée en quatrième position, a rendu hommage au « sambiste » Martinho da Vila.  

Portela, cinquième, a mis en valeur les influences africaines de la culture brésilienne, tandis que Salgueiro, sixième, a puisé son inspiration dans le mouvement antiraciste « Black lives matter » surgi aux États-Unis.  

Arrivé en troisième position, Viradouro avait, elle, fait le choix d’évoquer le Carnaval de 1919 lorsque les Cariocas avaient afflué dans les rues pour célébrer la fin de l’épidémie de grippe espagnole, dans un parallèle métaphorique avec la pandémie de COVID-19 qui a fait plus de 660 000 morts au Brésil.