(Caracas) Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a demandé mercredi une « enquête indépendante » sur la mort en détention au Venezuela du général Raul Baduel, 66 ans, un des plus célèbres prisonniers politiques vénézuéliens.

« Nous regrettons la mort en détention de Raul Baduel. Nous appelons le Venezuela à garantir une enquête indépendante », a écrit le Haut-Commissariat sur Twitter mercredi.

L’ONU demande aussi des soins médicaux pour tous les détenus et la libération des personnes emprisonnées arbitrairement.

Le procureur général du Venezuela, Tarek William Saab, a annoncé le décès mardi assurant que le général, âgé de 66 ans, était mort des suites de la COVID-19 après avoir reçu des soins et une première dose de vaccin.

Andreina Baduel, la fille du général, a accusé le « régime » d’avoir « assassiné » son père, affirmant sur Twitter qu’il était « faux qu’il avait la COVID-19 ».

Les autorités vénézuéliennes ont réagi mercredi à la déclaration de l’ONU diffusant un communiqué sans citer le nom du général Baduel.

« Il n’y a pas de personnes détenues arbitrairement dans le pays », selon le texte qui assure que les droits de « toutes les personnes privées de liberté » sont garanties et que celles-ci bénéficient de soins médicaux.  

« Le Venezuela regrette que le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme cède systématiquement aux pressions des groupes qui utilisent les droits de l’homme à des fins politiques en même temps qu’il oublie les réformes structurelles de l’État vénézuélien pour renforcer les droits des personnes détenues », ont ajouté les autorités.

Le général Baduel avait aidé l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013) à reprendre le pouvoir lors de la tentative de coup d’État de 2002 au Venezuela.

Alors commandant de brigade basé à Maracay (200 km à l’ouest de Caracas), il avait annoncé son attachement à la Constitution et permis à Hugo Chavez, qui était aux mains des putschistes, de reprendre le pouvoir.

Récompensé par un poste de ministre, il était ensuite devenu un adversaire du pouvoir et avait été emprisonné huit ans pour corruption. Libéré en 2015, il avait été de nouveau arrêté, accusé cette fois de complot. Il a été dégradé et rayé des cadres de l’armée.

Deux fils de Raul Baduel ont également été accusés de complot. Raul Emilio Baduel est actuellement en liberté, mais Josnars Adolfo Baduel a lui été arrêté, accusé d’avoir participé à une tentative d’invasion maritime qui a échoué en 2020 et dont le but était de renverser le président Nicolas Maduro, successeur de Hugo Chavez.

La mort de Raul Isaias Baduel « porte à dix le nombre de prisonniers politiques morts en détention » depuis 2015, a précisé mardi l’avocat Gonzalo Himiob, de l’ONG Foro Penal qui défend les droits des détenus.