(Brasilia) L’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a déclaré vendredi qu’il annoncerait « en début d’année prochaine » s’il sera candidat ou non à la présidentielle d’octobre 2022, à laquelle il est donné grand favori contre Jair Bolsonaro.

« Je ne dis pas que je suis candidat parce que je prendrai une décision au sujet de ma candidature probablement en début d’année prochaine », a déclaré Lula, 75 ans, lors d’une conférence de presse-fleuve à Brasilia, entretenant officiellement le suspens alors même que beaucoup d’analystes le voient se lancer dans la course.

« Je n’ai pas encore décidé, ce sera au moment voulu, et je vais discuter avec tout le monde », a-t-il ajouté, à l’issue d’une semaine de rencontres avec de nombreux dirigeants politiques dans la capitale brésilienne.

L’annonce officielle de la candidature de Lula est très attendue depuis qu’il est redevenu éligible à la faveur d’une décision de la Cour suprême qui a annulé ses condamnations pour corruption pour vice de forme en mars.

S’il se présente, ce sera sa sixième course présidentielle, pour tenter de briguer un troisième mandat, alors qu’il a dirigé le pays de 2003 à 2010.

« L’année prochaine, ce sera une année électorale, et on va se battre pour réparer notre pays », a promis l’ancien syndicaliste, très pugnace, après avoir tiré à boulets rouges sur le président d’extrême droite « totalement incompétent », Jair Bolsonaro.

« Ce gouvernement ne sait rien faire, mis à part provoquer, mentir, disséminer de fausses informations », a déclaré Lula, pour qui le Brésil est devenu un paria international à cause président d’extrême droite.

« Plus personne ne veut venir au Brésil et personne ne veut le recevoir », a-t-il lâché.

« Le jour de l’élection, il faudra avoir assez de sagesse pour élire quelqu’un qui respecte la démocratie […] et qui ne dit pas des bêtises sans arrêt. Il (Bolsonaro) devrait fermer la bouche et gouverner », a insisté l’ex-président.

Voyage en Europe

D’après le dernier sondage de l’institut de référence Datafolha, datant du 17 septembre, Lula est crédité de 44 % des suffrages au premier tour de l’élection, contre 26 % pour un Bolsonaro très critiqué pour sa gestion de la pandémie.

« C’est très grave de voir un président qui n’a jamais fait le moindre geste de solidarité envers les victimes de la COVID-19, envers les familles des près de 600 000 personnes décédées », a dit Lula.

Quand il a quitté le pouvoir, fin 2010, l’ancien syndicaliste jouissait d’une popularité record, à 80 % d’opinions favorables, même si son image a été ensuite sérieusement entachée par des scandales de corruption.

Au cours de ses huit années de mandat, Lula a bénéficié d’une conjoncture économique favorable, avec le boom des matières premières il a pu mettre en place d’ambitieux programmes sociaux qui ont permis de sortir 30 millions de Brésiliens de la misère.

« C’est triste de voir tout ce que nous avons bâti être détruit », a-t-il déploré lors de sa conférence de presse.

« Ce qu’il faut faire tout d’abord, c’est récupérer notre crédibilité internationale. Les Américains vont aimer le Brésil à nouveau, les Chinois aussi, (le président français Emmanuel) Macron et la France vont aimer le Brésil », a-t-il conclu.

Lula a précisé qu’il devait rendre en Europe en novembre, à « Berlin, Paris, Madrid et Bruxelles », où il a « pris des rendez-vous au Parlement européen ».