(Santiago du Chili) Environ 800 000 manifestantes ont participé dimanche au rassemblement à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, a estimé lundi le gouvernement, après une polémique sur les chiffres de la mobilisation, tandis que de nouvelles manifestations ont eu lieu à Santiago.  

Environ 3000 femmes sont redescendues dans la rue lundi dans la capitale à l’occasion de la « grève des femmes » pour dénoncer « la précarisation » économique dont souffrent, selon elles, les travailleuses, a constaté l’AFP.  

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Les manifestantes et la police s’étaient déjà affrontées hier à Santiago.

Comme la veille, des incidents ont eu lieu lorsque le cortège a tenté de s’approcher du palais présidentiel de la Moneda. Les protestataires ont été repoussées par des tirs de gaz lacrymogène lancés par les forces de l’ordre.  

Tôt le matin, des barricades avaient été incendiées en plusieurs endroits de la capitale, compliquant la circulation aux heures de pointe.

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« Nous sommes le cri de celles qui n’ont pas de voix », peut-on lire sur cette pancarte.

Depuis dimanche soir, le nombre de participantes à la manifestation du 8 mars, la première mobilisation féministe depuis l’éclatement de la crise sociale le 18 octobre, faisait l’objet d’une vive controverse.  

Alors que la police a avancé le chiffre, en fin de manifestation, de 150 000 participantes, les groupes féministes évoquaient de leur côté une mobilisation de près de deux millions de personnes.  

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Les manifestantes ont chanté un hymne féministe chilien intitulé Un violador en tu camino (Un violeur sur ton chemin) ce matin à Santiago, au Chili.

La porte-parole du gouvernement, Karla Rubilar, a reconnu lundi que le chiffre avancé par la police était sous-estimé et affirmé que la manifestation avait réuni « environ 800 000 personnes ».  

« Je classe (le rassemblement de dimanche) comme la plus grande marche du 8 mars que nous n’ayons jamais eue […] L’année dernière, les policiers ont estimé à environ 200 000 le nombre de femmes » présentes au rassemblement, « et je pense que celui-ci a été plus important que celui de l’année dernière », a-t-elle déclaré.  

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Des manifestantes réagissent à l’utilisation d’un canon à eau.

« Au plus fort, il ne pouvait pas y avoir moins d’un demi-million de femmes. Entre l’entrée et la sortie des femmes, environ 800 000 », a-t-elle ajouté.  

Le Chili est secoué depuis plus de quatre mois par une vague de contestation sociale sans précédent demandant au gouvernement de profondes réformes pour plus d’égalité sociale. Cette crise, la pire depuis le retour de la démocratie en 1990, a entraîné de multiples manifestations, des pillages et des incendies, avec un bilan de 31 morts.

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Des manifestantes fuient au moment d’une charge par l’escouade antiémeute ce matin à Santiago, au Chili.

Outre la défense de leurs droits et la dénonciation des violences machistes, les femmes qui défilaient dimanche ont aussi critiqué la politique du président conservateur Sebastian Piñera.  

Nombre de manifestantes ont scandé des slogans hostiles au gouvernement. « Piñera démission », pouvait-on lire sur une large banderole déployée devant le palais présidentiel.