Le journaliste allemand Billy Six a été libéré vendredi au Venezuela après quatre mois de détention au siège du service des renseignements à Caracas, mais devra pointer à un tribunal tous les quinze jours, ont annoncé deux associations.

« On lui impose des mesures de précaution de présentation tous les quinze jours avec interdiction d'évoquer son cas dans la presse. Nous exigeons sa liberté totale », a tweeté Espacio Publico, une ONG militant pour la liberté d'expression.

La libération du journaliste de 32 ans s'est produite après son « audience de pointage », a précisé pour sa part le Syndicat national des travailleurs de la presse (SNTP), qualifiant d'« arbitraire » la détention survenue le 17 novembre.

Billy Six avait affirmé en décembre qu'il entamait une grève de la faim, mais l'ambassade d'Allemagne a assuré qu'il l'avait cessée en attendant des avancées diplomatiques. Ce journaliste indépendant s'était par ailleurs plaint dans une lettre qu'on lui refuse le droit de se défendre et de ne pas avoir reçu les résultats des examens médicaux auxquels il s'était soumis après avoir contracté la dengue fin octobre.

Il avait été arrêté dans la péninsule de Paraguana (ouest), supposément pour avoir photographié le président Nicolas Maduro « de très près », selon Espacio Publico.

Il se trouvait au Venezuela pour enquêter sur des affaires de trafic de drogue, contrebande et traite d'humains, ainsi que sur l'exode de Vénézuéliens, poussés hors du pays par la grave crise économique.

Le Venezuela vit ces dernières semaines une profonde crise politique, avec la lutte entre le président Nicolas Maduro et le chef de l'Assemblée nationale dominée par l'opposition, Juan Guaidó, qui s'est proclamé président par intérim, et a été reconnu par une cinquantaine de pays, dont les États-Unis.

Les arrestations et expulsions de journalistes se sont multipliées récemment : le journaliste vénézuélien Luis Carlos Diaz a été arrêté plus de 24 heures et libéré mardi, accusé « d'incitation au crime » ; un journaliste américain, Cody Weddle, arrêté et expulsé douze heures plus tard.

Fin février, Jorge Ramos, envoyé spécial des chaînes hispaniques américaines Univision et Telemundo, avait été arrêté en pleine interview de Nicolas Maduro au palais présidentiel puis expulsé.

L'ONG Espacio Publico, de défense de la liberté d'expression, a enregistré une cinquantaine d'arrestations dans ce milieu depuis le début de l'année.

Vendredi, le Polonais Tomasz Surdel, correspondant du quotidien Gazeta Wyborcza, a accusé la police vénézuélienne de l'avoir passé à tabac à Caracas, avec un simulacre d'exécution.