Le Canada sera l'hôte d'une rencontre de pays de l'Occident, lundi prochain, qui tenteront de trouver des solutions à la crise au Venezuela.

Le Groupe de Lima, qui comprend une dizaine de pays dans les Amériques mis à part les États-Unis, avait été formé en août 2017 pour répondre à l'autoritarisme grandissant au Venezuela.

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a confirmé lundi à la colline du Parlement que la réunion du Groupe de Lima se tiendrait à Ottawa.

Mme Freeland estime que le Canada doit jouer un rôle de premier plan dans le groupe, étant donné que la crise au Venezuela se déroule en quelque sorte dans son arrière-cour.

«C'est notre voisinage», a déclaré la ministre.

«Pour les Canadiens, nous avons un intérêt direct sur ce qui arrive sur notre hémisphère. C'est pourquoi nous avons été si actifs et nous continuerons d'être si actifs.»

Le groupe a reconnu le dirigeant de l'opposition Juan Guaido comme le président par intérim du Venezuela. Ses membres jugent que le règne dictatorial du président Nicolas Maduro a provoqué une crise économique et humanitaire qui déborde dans les pays voisins. M. Maduro était le vice-président du dirigeant populiste Hugo Chavez et a été porté au pouvoir en 2013, lors du décès de M. Chavez.

La ministre Freeland a salué le travail des diplomates canadiens à Caracas, qui ont aidé les partis d'opposition à s'unir derrière M. Guaido, âgé de 35 ans.

En entrevue avec La Presse canadienne, des responsables du gouvernement canadien ont décrit le rôle du Canada dans l'aide apportée aux forces démocratiques pour aider à sauver ce pays autrefois riche en pétrole de la spirale économique et politique, qui a contraint trois millions de Vénézuéliens à fuir leur domicile.

Une crise des réfugiés

Mme Freeland a précisé lundi que les pourparlers porteraient entre autres sur la crise des réfugiés, qui a amené une vague de gens vers la Colombie et le Brésil.

«Certaines des histoires de ces gens qui traversent la frontière, les enfants non accompagnés entre autres, dans des conditions terribles sont vraiment déchirantes», a-t-elle soutenu.

«Nous avons vu avec la Syrie la façon dont une crise de réfugiés peut avoir des impacts déstabilisants plus larges.»

Le Groupe de Lima a aussi appelé à la démission de M. Maduro, affirmant que M. Guaido était le seul chef «légitimement élu», lorsqu'il a pris le contrôle de l'Assemblée nationale.

Le 10 janvier, M. Maduro a été assermenté comme président avec l'appui de pays tels que Cuba, la Russie et la Chine. Le Groupe de Lima croit que M. Maduro est illégitime, et Mme Freeland a déclaré que le «régime Maduro était maintenant complètement enraciné dans la dictature».

La ministre Freeland juge que la montée des dirigeants autoritaires est un grand défi en politique étrangère.

«Notre hémisphère est allé dans la bonne direction et c'est vraiment important de défendre et de parler haut et fort pour la démocratie et les droits de la personne», a-t-elle indiqué.

Dans les derniers jours, le premier ministre Justin Trudeau s'est entretenu avec le président colombien Ivan Duque et le premier ministre espagnol Pedro Sanchez pour affirmer leur soutien à M. Guaido.

Dimanche, MM. Trudeau et Sanchez se sont d'ailleurs entendus sur «l'impératif de tenir de nouvelles élections libres et justes au Venezuela», selon le bureau du premier ministre canadien.