Les présidents du Brésil et de l'Argentine ont condamné énergiquement la « dictature de Nicolas Maduro » au Venezuela, au terme de la première rencontre entre les dirigeants des plus grands pays d'Amérique du Sud, à Brasilia.

« Nous réaffirmons notre condamnation de la dictature de Maduro. Nous n'acceptons pas cet affront à la démocratie », a affirmé le président argentin Mauricio Macri lors d'un point presse au palais présidentiel de Planalto.  

« La communauté internationale s'est déjà rendu compte que Maduro est un dictateur qui cherche à se maintenir au pouvoir par le biais d'élections fictives, emprisonnant des opposants et entraînant les Vénézuéliens dans une situation désespérante », a-t-il ajouté.

M. Macri avait déjà tenu des propos similaires jeudi dernier, lors de l'investiture du président Maduro pour un deuxième mandat, à la tête d'un régime considéré comme illégitime par les États-Unis et de nombreux pays.

Pour sa part, Jair Bolsonaro, dirigeant d'extrême droite que Maduro avait qualifié lundi de « Hitler des temps modernes », a déclaré que le Brésil comme l'Argentine étaient en première ligne dans la « défense de la liberté » en Amérique latine.

Pour le nouveau président, qui a pris ses fonctions le 1er janvier, la position commune vis-à-vis du Venezuela est « l'exemple le plus clair de la convergence » entre le Brésil et l'Argentine.

Les deux pays considèrent le mandat de Maduro comme illégitime et reconnaissent l'Assemblée nationale, contrôlée par l'opposition, comme « seule institution légitime » du Venezuela, comme l'a rappelé M. Macri mercredi.  

« Rattraper le temps perdu »

Jair Bolsonaro a insisté sur le fait qu'il n'y avait « pas de tabou » dans la relation entre Brésil et Argentine, qui ont affiché leur ferme intention de renforcer leurs liens commerciaux.

« Nous avons parlé avec franchise, comme ça doit être le cas entre amis et partenaires, sans aucune considération idéologique. Ce qui nous meut, c'est la recherche de résultats concrets », a-t-il dit.  

Les deux dirigeants ont notamment affirmé qu'ils souhaitaient « accélérer les négociations en cours » du Mercosur, notamment l'accord avec l'Union européenne, en discussion depuis près de vingt ans.

« Les négociations avec l'UE ont demandé beaucoup d'efforts, mais elles ont avancé plus que jamais », a rappelé M. Macri.

« Nous sommes d'accord avec le fait qu'il faut conclure rapidement les négociations [...] pour rattraper le temps perdu », a déclaré pour sa part Jair Bolsonaro.

Ces négociations, qui semblaient proches d'aboutir ces derniers mois, se sont heurtées à des divergences entre le Brésil et l'UE, notamment sur l'accès de la viande et du sucre aux pays de l'UE et sur le secteur automobile.

Le président brésilien a également affirmé que le Mercosur - qui réunit Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay - devait être plus « léger ».  

« Il faut mettre en valeur la vocation originelle du Mercosur : l'ouverture commerciale et l'élimination de la bureaucratie », a-t-il conclu.

Contrairement aux gouvernements sud-américains de centre gauche qui ont donné un nouvel élan au Mercosur lors de la décennie précédente, Jair Bolsonaro a affiché dès son élection son intention de rompre avec la tradition de multilatéralisme de la diplomatie brésilienne.

Il s'est notamment rapproché des gouvernements qui font partie de la vague antimondialisation et conservatrice qui parcourt le monde, comme les États-Unis de Donald Trump, Israël ou l'Italie.