Un magistrat de la Cour suprême du Venezuela, le Tribunal suprême de justice (TSJ), a expliqué s'être exilé aux États-Unis pour ne pas avoir à valider la prestation de serment du président Nicolás Maduro devant la cour et pour coopérer avec les autorités américaines.

Le juge Christian Zerpa a déclaré dimanche à la télévision EVTV à Orlando (Floride) que M. Maduro, réélu en mai, « ne mérite pas » un deuxième mandat « car le scrutin n'était pas une élection libre ».

De son côté, le TSJ a publié un communiqué assurant que M. Zerpa avait quitté le Venezuela pour fuir une enquête l'accusant de « harcèlement sexuel, actes obscènes et violence psychologique » contre des fonctionnaires de son bureau.

L'enquête a été ouverte le 23 novembre 2018, selon le TSJ. Ces accusations n'avaient pas été publiées avant les informations sur le départ du juge.  

M. Zerpa, qui a quitté le pays avec son épouse et une fille, a précisé être parti car il craignait pour sa vie. Il a ajouté qu'il comptait collaborer avec les autorités américaines à propos d'accusations de corruption concernant l'entourage de M. Maduro et du contrôle du TSJ par le gouvernement.

« Même si nous n'avons pas d'éléments de preuves sous forme de documents concrets, nous avons des témoignages, des choses que nous avons entendues et vues ou des façons de faire de certains dirigeants et évidemment nous allons le dire », a-t-il expliqué.

Selon M. Zerpa, qui n'a pas mentionné de noms, « il y a des personnes liées à l'entourage présidentiel qui sont associées à des faits de corruption ».

Il a en outre assuré qu'« une bonne partie des décisions [du TSJ] sont instruites depuis [le palais présidentiel de] Miraflores. C'est un appendice de l'exécutif ».

M. Zerpa appartenait au Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) et figurait sur la liste des Vénézuéliens faisant l'objet de sanctions financières au Canada. Il avait été désigné en décembre 2015 par la majorité parlementaire progouvernementale d'alors, quelques jours avant que l'opposition prenne le contrôle du Parlement.

M. Maduro, 56 ans, au pouvoir depuis 2013, doit entamer jeudi un nouveau mandat de six ans après sa réélection le 20 mai 2018 lors d'un scrutin boycotté par les principaux partis d'opposition.

Le Parlement contrôlé par l'opposition a déclaré samedi illégitime ce nouveau mandat, un vote qui n'a qu'une portée symbolique car depuis début 2016 le TSJ a déclaré nulles toutes ses décisions.

Les pays du Groupe de Lima, à l'exception du Mexique, avaient indiqué la veille qu'ils ne reconnaîtraient pas ce deuxième mandat de M. Maduro, dans une déclaration signée par 12 pays d'Amérique latine et le Canada.

Aux États-Unis, le porte-parole du département d'État a exprimé samedi son soutien au Parlement, le qualifiant de dernière et « unique institution légitime et élue démocratiquement » au Venezuela.