(Buenos Aires) Plusieurs milliers de manifestants ont commencé à camper mercredi dans le centre de Buenos Aires pour exiger l’instauration d’un état « d’urgence alimentaire » en Argentine, en proie à une grave crise économique à quelques semaines de l’élection présidentielle.

Ces protestataires, parmi lesquels de nombreuses familles avec de jeunes enfants, entendent camper pendant 48 heures sur l’avenue du 9 juillet, en plein centre de la capitale, à l’appel de plusieurs mouvements associatifs et syndicaux. Une autre manifestation sous forme de repas populaire a eu lieu mercredi sur la place de Mai, en face du palais présidentiel.

« L’Argentine est dévastée par le désœuvrement, la faim et la pauvreté. Nous exigeons des réponses à la hauteur de la situation », a déclaré un des organisateurs des rassemblements, Eduardo Belliboni. « Nous voulons des programmes sociaux. Nous voulons aussi une hausse des dotations pour les programmes existants et une augmentation des rations alimentaires dans les écoles », a-t-il ajouté.

Des échauffourées ont opposé la police à certains manifestants qui tentaient de bloquer le réseau de transports publics.

Ces manifestations ont lieu alors que les députés argentins examinent jeudi une proposition de loi sur « l’urgence alimentaire », présentée par l’opposition, destinée à augmenter les aides aux personnes n’arrivant plus à se nourrir correctement à cause de l’inflation galopante.

Opposé à cette proposition, le gouvernement du libéral Mauricio Macri a déjà pris d’autres mesures d’urgence, comme l’élimination des taxes sur les produits de base.

L’Argentine, en récession depuis 2018, connaît une des inflations les plus élevées au monde (25,1 % entre janvier et juillet, 54,4 % sur les 12 derniers mois), une baisse de la consommation, des fermetures de commerces et une augmentation de la pauvreté (32 % en 2018) et du chômage (10,1 % cette année). Voir des familles avec des enfants mendier dans la rue est devenu habituel à Buenos Aires.

La crise économique s’est accentuée après les élections primaires en août, au cours desquelles M. Macri a subi une cuisante défaite qui augure mal de sa réélection en octobre. Le gouvernement a alors demandé un rééchelonnement de sa dette et instauré un contrôle des changes.