(Sao Paulo) La Cour suprême du Brésil a bloqué jeudi un décret du président Jair Bolsonaro qui transférait au ministère de l’Agriculture, défenseur des intérêts de l’industrie agroalimentaire, des compétences foncières jusqu’alors dévolues à une fondation protectrice des indigènes.

Les dix juges du Tribunal fédéral suprême (STF) ont soutenu cette décision, considérant que les parlementaires brésiliens avaient déjà rejeté ce décret.

« Pour ce qui fait loi, le dernier mot revient au Congrès », a déclaré le juge Luis Roberto Barroso, qui avait déjà ordonné en juin la suspension provisoire du décret portant sur un transfert des compétences dans la délimitation des terres indigènes.

Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro s’est plusieurs fois exprimé en faveur d’un nouveau découpage des terres indigènes plus favorable à l’agrocomercial.

Cette décision du STF survient une semaine après la mort d’un leader indigène dans le nord-est du pays.  Les membres de la tribu waiapi dénoncent un assassinat, qui n’a pas encore été confirmé par l’enquête judiciaire.

Cette affaire connaît un écho international. Parmi les nombreuses réactions, la haute-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Michelle Bachelet s’est élevée lundi contre « la politique proposée par le gouvernement brésilien ».

En ouvrant « davantage de zones de l’Amazonie à l’exploitation minière », cela risque « de conduire à des incidents violents, des intimidations et des meurtres comme celui dont a été victime le peuple waiapi la semaine dernière », a-t-elle poursuivi.

Les indigènes et les organisations de défense des droits de la personne se plaignent d’une multiplication des conflits dus à des envahissements de leurs terres ces derniers mois.