(Brasilia) Le président brésilien Jair Bolsonaro a nommé jeudi des militaires à la commission qui enquête sur les morts et les disparus pendant la dictature au Brésil (1964-1985), expliquant sa décision par le fait que le gouvernement était désormais «de droite».  

«La raison (de cette décision), c’est qu’il y a eu un changement de président, à présent, c’est Jair Bolsonaro, de droite, point final», a déclaré cet ancien capitaine de l’armée à des journalistes, après la parution du décret au Journal officiel.  

Le colonel à la retraite Weslei Antonio Maretti et l’officier Vital Lima Santos intègrent donc cette Commission spéciale sur les morts et les disparus (CEMDP) qui dépend du ministère de la Femme, de la Famille et des Droits de l’homme. 

La CEMDP, créée en 1995, a pour objectif de «localiser les corps» et «identifier les personnes mortes ou disparues» avant la loi d’amnistie de 1979.

Elle se charge aussi de définir le montant d’indemnisation des familles de victimes. La CEMDP a déjà traité 480 demandes d’identification ou d’indemnisation.  

Jair Bolsonaro, qui n’a jamais caché son admiration pour la dictature militaire, a multiplié récemment les déclarations fracassantes, remettant notamment en cause des documents officiels qui évoquent la disparition d’opposants pendant cette période.

«Cette histoire de 1964, s’il y a des documents montrant qui a tué ou n’a pas tué, c’est des bêtises», a-t-il déclaré mardi à des journalistes à Brasilia.

Il s’en est aussi pris à la Commission nationale de la vérité, créée par l’ex-présidente de gauche Dilma Roussef, dont un rapport publié en 2014 fait état de 434 assassinats perpétrés par le régime militaire, sans compter les centaines de détentions arbitraires et les cas de torture d’opposants.

«Vous y croyez, vous, à la Commission de la vérité? Elle était composée de sept personnes, nommées par qui? Par Dilma Rousseff», a-t-il lancé.

Dilma Rousseff (2011-2016), ex-guérillera torturée par des militaires, a été destituée pour maquillage des comptes publiques.

Lundi, le président d’extrême droite avait déjà déclenché une vive polémique, y compris dans son propre camp, en remettant en cause la version officielle de la disparition sous la dictature du père de l’actuel président de l’Ordre des avocats du Brésil (OAB).

«Si un jour il veut savoir comment son père a disparu durant le régime militaire, je lui raconte, mais il ne va pas vouloir entendre la vérité», avait affirmé le chef de l’État à propos de Fernando Santa Cruz, étudiant et militant de gauche, disparu à l’âge de 26 ans en 1974, après avoir été arrêté par les services de renseignement du gouvernement à Rio de Janeiro.